La salle de gym: le retour

Tout y est: les fenêtres haut placées, la pen­d­ule pro­tégée d’une grille, la pile de tapis oranges, le cheval d’arçons au cuir tout pat­iné, les espaliers de bois appuyés con­tre le mur, les cerceaux, le tram­po­line à la toile dou­teuse, les perch­es trop liss­es et les cordes trop pois­seuses, les piquets, les bancs,… Et surtout, l’odeur un peu rance de ce linoléum si meur­tri­er pour les genoux. Instan­ta­né­ment, mon estom­ac fait un noeud. Un réflexe sor­ti tout droit de mon enfance, à l’heure du cours de gym­nas­tique heb­do­madaire! N’ayant jamais été une foudre de sport, la salle de gym s’ap­parentait plutôt pour moi à une salle de tor­ture, dont je reve­nais bien sou­vent endo­lo­rie et frus­trée. Et à voir, les cica­tri­ces sont tenaces! Aujour­d’hui, c’est pour un cours de yoga que je remets, pour la pre­mière fois depuis plus de 15 ans, les pieds dans une salle de gym de ce genre. Allongée sur ma nat­te, au plus près du lino, je rêvasse les yeux ouverts, en atten­dant le début de la leçon. Tiens, il y a une empreinte de main toute sale au pla­fond: sans doute un élève qui a voulu faire le malin en arrivant au som­met des perch­es. Je n’ai jamais trou­vé le truc pour y grimper. Soudain, la voix de la prof s’élève. On respire, on s’étire. Du solfège fil­tre d’une fenêtre toute proche. Me voici par­faite­ment déten­due. Dans une salle de gym. Par­fois, c’est bien d’avoir grandi!

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