Promenade du soir

Ren­con­tre à 6 pattes: une sauterelle presque trans­par­ente. Ren­con­tre à 5 pattes: un mou­ton, peut-être, près de Marly? Ren­con­tres à 4 pattes: un gros berg­er alle­mand sor­ti de nulle part, qui m’a fait une belle frousse mais s’est révélé adorable; un cheval noir et blanc; une grenouille tapie dans une niche pleine de détri­tus dans le mur de l’u­sine. Ren­con­tre à 3 pattes: un vieux mon­sieur avec une canne. Ren­con­tre à 2 pattes: un joggeur et un cyliste sym­pas (les pas sym­pas, on n’en par­le pas). Ren­con­tre à 2 pattes avec ailes: des poules échap­pées de leur enc­los; un mys­térieux oiseau aux plumes gris­es bor­dées de noir. Ren­con­tre à une pat­te: ?. Ren­con­tres sans pattes: des limaces dans tous les tons de brun, du choco­lat au beige clair en pas­sant par l’o­r­ange vif; des oeufs brisés, sou­venirs prob­a­bles d’un renard ou d’une fouine. Et pour lier le tout: des prés tout verts sous le ciel bleu, l’odeur de l’herbe coupée, une petite brume au ras du sol, et le soleil qui parsème le sous-bois de tach­es dorées, dans un air tiède qui rap­pelle que mal­gré tout, c’est encore l’été.