Fin de fouilles

Ca y est: après 3 ans, notre cam­pagne de fouilles prend fin. Mal­gré le froid, la boue, la canicule, les heures passées à écop­er les secteurs inondés ou à dégel­er le sol dur­ci, mal­gré les WC sans chauffage ni chas­se d’eau, les ten­dinites et autres lum­ba­gos, les longues péri­odes sans décou­verte, mal­gré la pluie, le vent arracheur de tentes, les fas­ti­dieuses rec­ti­fi­ca­tions de strati­gra­phies, les dessins à faire couché dans l’eau, les aspi­ra­teurs bouchés, les grince­ments humains, les pieds con­gelés, les lour­des brou­ettes à pouss­er, les déca­pages inter­minables, les oreilles de cochon cachées par de petits plaisan­tins… et tant d’autres détails pit­toresques: j’ai ressen­ti un gros pince­ment au coeur cet après-midi en voy­ant nos ser­res en cours de démon­tage. Leurs arma­tures métalliques se dres­saient soudain toutes nues, comme les côtes d’un squelette de baleine échoué au milieu des secteurs vides. Nous avons d’ailleurs fini sur un petit clin d’oeil: la voiture d’un archéo­logue étranger venu nous ren­dre vis­ite était imma­triculée TB 22 , soit “Tombe 22” dans le jar­gon abrévi­atif que nous util­isons dans la doc de ter­rain! Doc de ter­rain qu’il est main­tenant temps d’empoigner pour en tir­er la sub­stan­tifique moelle…