Les zarégnés

Drôle de rap­ports, entre les araignées et moi. Et ce depuis ma plus ten­dre enfance. D’une part, je nour­ris une sorte de crainte et de dégoût incon­trôlables pour ces huit pattes qui tri­co­tent dans tous les sens. Com­bi­en de mau­vais­es nuits ai-je passées lorsqu’un arach­nide un peu trop gros partageait ma cham­bre (surtout en le retrou­vant col­lé à la mous­ti­quaire, ou sor­tant de mon pyja­ma plié)! L’autre jour, cauchemar inté­gral, j’ai fail­li pos­er la main sur une grosse tégé­naire (poilue) instal­lée sur la rampe de l’escalier… Par con­tre, con­traire­ment à la plu­part des arachno­pho­biques, pas ques­tion d’écras­er la bête: ce doit être le gène ento­mologique de la famille. Pour m’en débar­rass­er, mon arme préférée reste le gob­elet à yogourt fer­mé (en trem­blant) avec une feuille de car­ton, et hop, par la fenêtre! Mieux, je prends plaisir à les observ­er, à dis­tance respectable, admi­rant les dessins de leur corps tout rond, leur habileté à tiss­er leur toile ou à emballer leurs proies. Je me suis même prise d’ami­tié pour cer­taines d’en­tre elles: par exem­ple, la petite épeire diadème qui a élu domi­cile sur le bal­con cet été, et dont je con­tin­ue de cass­er la toile sans le vouloir. C’est qu’elle la fait un peu n’im­porte où: entre la chaise et la table, entre le palmi­er et la blouse mise à aér­er… L’autre jour, en me bais­sant pour cueil­lir des feuilles de men­the dans un bac, je me suis pra­tique­ment pris la fig­ure dedans, sa pro­prié­taire en prime. J’ai eu un sacré choc, bien sûr. Mais je pense qu’elle aus­si, pen­due paniquée au bout de ses fils déchirés. Imag­i­nons donc cela: une grosse masse rose sans poils, qui n’a que deux yeux et 4 pattes… Quelle horreur!

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