L’adieu du combattant

Mau­vaise sur­prise l’autre jour dans l’aquar­i­um: notre com­bat­tant aux grandes nageoires (bet­ta splen­dens de son petit nom) avait, sans prévenir, tiré sa révérence. Il avait vécu cette vie brève qui dans leur espèce sem­ble être la rançon de la beauté. Il a eu droit à des funérailles en bonne et due forme, avec enter­re­ment dans le pot de l’hibis­cus, his­toire de pour­suiv­re le cycle naturel. C’est vrai qu’il lais­sait un cer­tain vide. Avec son élé­gance, son goût des cabri­oles dans le courant, son tem­péra­ment curieux et fam­i­li­er, il était un peu un “per­son­nage” de l’aquar­i­um. Il l’a d’ailleurs prou­vé post-mortem. Quelques jours plus tard, la plante, nour­rie de sa sub­stance, a dévelop­pé de nou­velles feuilles, plus grandes, plus dens­es, plus bril­lantes. Et soudain, un bou­ton, qui est devenu une fleur. La pre­mière depuis presque un an! C’est ce qui s’ap­pelle par­tir avec panache.  Une seule chose m’a vrai­ment éton­née: que la fleur ne soit pas bleu roi, comme le pois­son. Elle était rose. Mais rose… saumon.