Zürich au printemps

Dans la Bah­nof­s­trasse, les vit­rines des grands cou­turi­ers présen­tent des chif­fons informes; la haute cou­ture ne fait décidé­ment plus rêver. C’est aus­si ce que doit penser ce vieux man­nequin en bois au coeur du marché aux puces, exposé entre un vélo rouil­lé et un fau­teuil Voltaire. La foule se presse à la ter­rasse de chez Sprüngli pour déguster de minus­cules tranch­es de gâteau hors de prix. Tra­ver­sée sym­bol­ique de la Parade­platz, mythe du Monop­oly. Une façade de la vieille ville s’orne de para­pluies dorés et d’un chameau. Dom­mage que les vit­raux de Cha­gall soient inac­ces­si­bles pour cause de travaux (un pan­neau l’ex­plique même en japon­ais). Dans le jardin botanique tapis­sé d’ail des ours, un geai s’en­v­ole à quelques pas de nous; des gens lisent sur des chais­es de bois à l’om­bre des bam­bous et des orangers en fruits. Puis nous lon­geons un canal où un par­cours d’ex­er­ci­ces asi­a­tiques, pho­tos kitsch à l’ap­pui, pro­pose de remet­tre d’aplomb les busi­ness­men stressés. Lorsque le soir tombe, le lac prend des teintes d’aquarelle. Les arbres sous lesquels nous pas­sons ont des frondaisons immenses comme des tentes de cirque, et l’eau qui baigne les bateaux dans le port de plai­sance est toute pois­seuse de pollen jaune. Le long des rives, une fontaine en forme de grosse boule rose débor­de tran­quille­ment. C’est le moment de ren­tr­er. Dans le hall de la gare, la Nana de Niki de Saint Phalle nous fait un dernier signe de la main.

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