Un gros camion échoué sur le trottoir de la Route de la Pisciculture. En panne. “Bien fait”, ai-je pensé avec une satisfaction mesquine: il y a trop de ces monstres qui montent et descendent la rue en grondant dès l’aurore, souvent à tombeau ouvert, au mépris des humains et des chats (pauvre Robinson). Deux hommes s’affairaient autour de la bête au capot ouvert, le chauffeur et un dépanneur. En choeur, très concentrés, ils trituraient des tuyaux, actionnaient des clapets, tiraillaient des fils, se mettaient à quatre pattes pour examiner le châssis et les roues. Et pendant ce temps, le camion exhalait des soupirs et des jets de vapeur peu rassurants. Malgré tout, je ne pouvais m’empêcher d’admirer leur savoir-faire: l’anatomie d’une machine de ce genre n’est pour moi, pauvre piétonne, qu’un mystérieux charabia! Et pourtant… En arrivant à leur hauteur, contournant prudemment l’épave crachotante, voilà que j’attrape des bribes de leur conversation: “Et ce machin, là, vous savez à quoi ça sert?” demandait le chauffeur. “Aucune idée”, répondait le dépanneur. Selon toute vraisemblance, le camion allait rester là un bon moment! Bien fait.
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