L’après-noces (2)

Qu’est ce qui change après le mariage? Rien de rad­i­cal au quo­ti­di­en, sauf une sorte de petit voile léger qui sem­ble recou­vrir toute chose; une dimen­sion de plus, en somme, fraîche et poé­tique, qui a un par­fum de renou­veau. C’est bien agréable. Pour le reste, l’ar­doise trône au-dessus du télé­phone, les cadeaux sont débal­lés, par­fois dégustés, les pho­tos gravées, les cartes de remer­ciements en cours de réal­i­sa­tion. Nous avons reçu le bon de voy­age, et com­mencé de plan­i­fi­er notre périple irlandais pour le print­emps prochain. L’al­liance se patine déjà un peu. Par­fois j’ou­blie de la met­tre. Et surtout, j’ai peur de la per­dre dans la grille de l’évi­er lorsque je me lave les mains. Mes col­lègues mar­iées m’ont souhaité “bien­v­enue au club”, on me taquine régulière­ment sur une éventuelle future progéni­ture. Je ne ricane plus lorsqu’on me donne du Madame; je me suis même un peu vexée en rece­vant une let­tre de ma banque dans laque­lle on m’ap­pelait “Chère Made­moi­selle”. D’ailleurs, à pro­pos de banque… Je croy­ais éviter les paperasseries en gar­dant mon nom de jeune fille: eh bien, c’est raté! Car désor­mais le nom de mon mari se doit de fig­ur­er après le mien. Du coup, j’ai quand même dû faire chang­er mes cartes de banque (acte de mariage à l’ap­pui! Je ne me sou­ve­nais pas que les ban­ques exigeaient autant de ren­seigne­ments per­son­nels), ma carte de crédit, ma carte d’i­den­tité, ma carte AVS, et dépos­er à la com­mune un nou­v­el acte d’o­rig­ine. Pas maline, je l’ai demandé au Locle. Etant don­né que j’ai adop­té le lieu d’o­rig­ine de mon époux en sus du mien, j’au­rais mieux fait de com­man­der le doc­u­ment à Hüt­twillen (TG): je l’au­rais payé deux fois moins cher.