Celtitude?

La mode print­emps-été n’est pas vrai­ment fab­uleuse (j’ai essuyé des échecs cuisants avec un man­teau vaste comme une tente, des jeans façon leg­gings et une jacquette trop courte de partout). Mais au moins, cette sai­son, on se marre. D’une cer­taine manière. En effet, l’élé­ment déco­ratif omniprésent dans la con­fec­tion sem­ble être le crâne humain, souri­ant de toutes ses dents, comme le veut l’anatomie. Doré, argen­té ou gar­ni de strass, grand ou petit, unique ou en rib­am­belle, le voilà qui s’ex­hibe sans com­plex­es en bijoux, en porte-clés, sur les sacs, les t‑shirts, les blousons, les poches des jeans, sur les chaus­settes, les pan­tou­fles ou la semelle des tongs, et même sur les sous-vête­ments. L’archéo­logue, famil­ière des his­toire d’os, com­mence à s’in­ter­roger. S’ag­it-il d’une subite résur­gence de nos racines, à l’heure où il est de bon ton de revendi­quer ses orig­ines? En effet, nos ancêtres les Celtes étaient de grands coupeurs de têtes. Dans une récente expo­si­tion con­sacrée à leurs croy­ances, on pou­vait voir la recon­sti­tu­tion grandeur nature d’un por­tique gar­ni de nich­es des­tinées à accueil­lir des têtes trophées. Je me sou­viens encore de la réac­tion de cer­tains vis­i­teurs, qui plis­saient le nez en mar­mon­nant: “Quels bar­bares, quand même!” Des vis­i­teurs dont cer­tains adopteront prob­a­ble­ment la mode du crâne sans bronch­er. J’en étais à méditer sur cet amu­sant para­doxe, lorsqu’une amie a cassé ma théorie. Selon elle, les têtes de mort de cette sai­son seraient plus vraisem­blable­ment inspirées du pavil­lon noir des pirates, référence à une récente série de films à suc­cès. Elle en aurait mis… sa tête à couper.