D’Irlande en vrac (5): Billet pince-sans-rire

A peine avons-nous débar­qués à Aer­fort Bhaile Atha Cliath (sic), l’aéro­port de Dublin, que nous pou­vons déjà nous pay­er une tranche d’hu­mour irlandais. Nous hissons laborieuse­ment notre mois de bagages à bord du bus qui doit nous amen­er au cen­tre-ville, un dou­ble-deck­er iden­tique à ceux de Lon­dres hormis ses couleurs bleu et jaune. Autour de nous, beau­coup de rouquins aux yeux clairs, dont les vis­ages un peu tail­lés à la serpe rap­pel­lent exacte­ment les Irlandais des films améri­cains. S. se rend auprès du chauf­feur, placé à droite puisqu’en Irlande on roule à gauche, pour acheter nos bil­lets. L’employé est pro­lixe. Il lui explique longue­ment les avan­tages des tick­ets aller-retour, qui sont disponibles à un dis­trib­u­teur plan­té à quelque dis­tance de là. Mais  S. n’a envie ni de courir, ni de se bat­tre con­tre cette machine incon­nue (les infer­naux dis­trib­u­teurs fri­bour­geois nous ont un peu trau­ma­tisés à cet égard) en espérant que le bus, cen­sé l’at­ten­dre, ne parte pas sans lui, empor­tant ses valis­es et son épouse vers l’in­con­nu (en l’oc­curence Busaras, la gare routière de la cap­i­tale; mais bon, on vient juste d’ar­riv­er, et tout est encore incon­nu). Il choisit donc de pren­dre deux bil­lets sim­ple course, qu’il peut acheter directe­ment auprès du chauf­feur. La réac­tion est immé­di­ate, avec un accent à couper au couteau: “And after all that, you still want a sin­gle-way tick­et?” (Et après tout cela, vous voulez quand même un bil­let sim­ple course?). Le vis­age reste impas­si­ble, mais les yeux pétil­lent. Bien­v­enue en Irlande!

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