Mon premier squelette

Tout commen?a par une fos­se ovale, dia­ble­ment pro­fonde (au point que nous l’avons crue vide), rem­plie de limon brun et de cail­loux. Puis soudain, sous la tru­elle, son cr?ne apparut, lisse et rond comme un galet bien poli. Il fut bap­tis? Alfred. Le reste suiv­it peu ? peu, au fil d’un patient d?gagement ? la spat­ule et ? l’aspi­ra­teur qui demandait par­fois d’?tranges con­tor­sions (posi­tion de l’autruche, par exem­ple). Grand pour son ?poque (le Moyen Age, prob­a­ble­ment), le squelette est fort bien con­serv?, de ses rares dents ? ses vert?bres, et mal­gr? son absence de rotules et ses ?piphy­ses spongieuses, compte toutes ses pha­langes aux mains comme aux pieds! Son f?mur droit porte m?me une cica­trice encore vis­i­ble. C’?tait la semaine derni?re, la fouille de ma premi?re tombe: du coup, je me sens enfin une v?ritable arch?ologue!

Histoire d’os

Les fouilleurs sont des per­son­nes au grand coeur. La preuve? Nous avons exhum? les restes osseux d’un homme, prob­a­ble­ment d’?poque m?di?vale, enterr? les bras crois?s et sans mat?riel dans une petite fos­se empierr?e. Les jours suiv­ants, j’ai remar­qu? qu’un de mes coll?gues qui tra­vail­lait ? prox­im­it? de la trou­vaille arbo­rait un curieux T‑shirt, imprim? d’ un squelette hilare ten­ant une planche de surf (!). “C’est pour qu’il se sente moins seul”, m’a-t-il con­fi? avec un clin d’oeil, en d?signant la tombe.

Les enfants du poisson

Le pois­son con­cer­nant les arch?ologues de l’H189 paru dans “La Gruy?re” du 1e avril dernier (cf. Bon­net d’?ne (3)) a port? des fruits inat­ten­dus. Mal­gr? le rec­ti­fi­catif paru le lende­main dans la presse et la fameuse cir­cu­laire de mon chef, c’est pas moins de qua­tre per­son­nes ou petits groupes de per­son­nes qui ont d?barqu? ces derniers jours sur le chantier (cer­tains avec enfants et pic-nic) pour admir­er nos “mosa?ques romaines”. Ils sont bien s?r repar­tis d??us, n’ayant eu que des secteurs vides et des empier­re­ments ? se met­tre sous la dent…

Bonnet d’?ne (3)…

…enfin, pour clore cette s?rie grise, d?cern? au jour­nal fri­bour­geois “La Gruy?re”. Dans son num?ro du 1e avril, il a fait croire que nous avions d?couvert des mosa?ques romaines excep­tion­nelles sur notre chantier de fouilles. En pr?cisant d’embl?e que la con­struc­tion de l’ H 189 allait du coup ?tre “encore une fois retard?e”. Un pois­son peu vis­i­ble pour le lecteur, et plut?t dou­teux vis-?-vis des arch?ologues que l’on accuse sou­vent de ralen­tir le g?nie civ­il. Surtout que dans le cas pr?sent ce sont les autorit?s, tou­jours en d?bat sur le futur trac? de la route, qui tra?nent la pat­te, alors que les travaux auraient d? d?buter depuis plusieurs mois! Grosse fleur ? notre chef qui a r?pliqu? effi­cace­ment par une cir­cu­laire aus­si humoris­tique que mor­dante destin?e aux ?ventuels visiteurs.

Fronde anti-fum?e

Rangez les chew­ing-gums et autres patchs ? la nico­tine. Notre chef de chantier a trouv? un truc in?dit pour l’aider ? arr?ter de fumer: chaque fois qu’il a envie de s’al­lumer une cig­a­rette, il prend une… fronde et tire quelques cail­loux (ni con­tre ses employ?s, ni con­tre les chats de la ferme, ni con­tre les oiseaux, je pr?cise!). Apparem­ment, ?a marche: voici presque une semaine qu’il tient le coup. A breveter?