Pour un fond de teint

Autre moment de shop­ping mémorable: une vis­ite au ray­on des cos­mé­tiques dans un grand mag­a­sin. En quête d’un nou­veau fond de teint, je suis restée per­plexe devant les présen­toirs sur­chargés de boîtes, tubes et autres fla­cons mul­ti­col­ores dis­posés en rangs ser­rés. On aurait presque cru un éta­lage de bon­bons, la dorure en sus! J’ai soudain réal­isé que non seule­ment ma palette de maquil­lage était fort fruste (1 fond de teint, 2 mas­caras, 3 rouges à lèvres et 2 fards à paupières, peu util­isés et rarement renou­velés), mais aus­si que la tech­nolo­gie cos­mé­tique avait fait des bonds spec­tac­u­laires ces dernières années. A présent, les mas­caras exis­tent en plusieurs tailles, jusqu’au XL qui allonge les cils au max­i­mum; les rouges à lèvres, quand ils ne ser­vent pas aus­si de fards à joues, don­nent un éclat mouil­lé, miroir ou dia­mant, s’é­tal­ent avec un pinceau inté­gré, et résis­tent à tout ou presque; les fards à paupières se décli­nent en liq­uide ou en solide; les ver­nis à ongles ren­for­cent, lis­sent, nour­ris­sent, sèchent de suite, exis­tent en moultes couleurs qui n’ex­clu­ent plus ni le vert, ni le bleu (ça rap­pelle une cer­taine orgie romaine dans une cer­taine BD), pail­letés ou non. Et les fonds de teint, juste­ment! Ils sont devenus qua­si intel­li­gents: ils lif­tent, nacrent, mat­i­fient, illu­mi­nent sans dépos­er à grands ren­forts de “micro­cap­sules” et de tex­tures inso­lites, genre mousse au choco­lat(!). Résul­tat: per­due devant tant de pro­duits, j’ai fail­li repar­tir sans rien! J’ai juste trou­vé le courage d’é­plucher la gamme des fonds de teint dans 2 mar­ques que je con­nais­sais; mon choix s’est porté, une bonne demi-heure plus tard, sur un pro­duit con­tenant une “micro-poudre absorbante” cen­sée “réguler la bril­lance” et don­ner à la peau un “éclat soyeux”(en anglais, tout ça). Aux dernières nou­velles, je brille tou­jours deux heures après l’application…

Deux petits vieux

Ce matin, un cou­ple de petits vieux a voulu pren­dre le bus à l’ar­rêt des Charmettes pour se ren­dre à la Migros de Pérolles. Un saut de puce de quelques cen­taines de mètres à peine, mais pour eux un vrai voy­age vu leur état de san­té: obès­es tous les deux, ils s’ap­puyaient sur de petits char­i­ots pour s’aider à marcher. Lorsque le bus est arrivé, une dame sec­ourable a mon­té leurs char­i­ots à bord, tan­dis qu’eux-mêmes se his­saient lente­ment, pénible­ment, en s’en­cour­ageant l’un l’autre, jusqu’à des sièges que des pas­sagers leur ont spon­tané­ment cédés. Tout cela sous l’oeil vague­ment irrité du chauf­feur, qui a pour­tant atten­du leur instal­la­tion avant de repar­tir. Ils se sont alors con­fon­dus en remer­ciements, d’une voix éton­nam­ment douce et claire. En les enten­dant, mon coeur se ser­rait. J’e­spère que quand je serai moi aus­si vieille et impo­tente, il y aura encore des gens pour m’aider à pren­dre le bus, me céder leur place, des chauf­feurs qui patien­teront pour ne pas me bous­culer, bref, des bonnes âmes qui m’aideront dans ces gestes quo­ti­di­ens qui me sont si évi­dents aujour­d’hui, mais ne le seront plus alors. Car même de nos jours, avec cet espèce de jeu­nisme qui con­t­a­mine le monde, tout ce dont je venais d’être témoin ne va, hélas, déjà plus de soi. 

Shopping sans fringues

Par­fois, ça fait du bien de s’of­frir un après-midi de shop­ping en igno­rant les bou­tiques de mode (qui non con­tentes de ven­dre toutes les mêmes mod­èles, sont bien trop nom­breuses pro­por­tion­nelle­ment; ce qui mon­tre les pri­or­ités actuelles de la société, mais ceci est une autre his­toire). Du coup, on explore la vais­selle, le linge de mai­son, les bibelots, les livres, les usten­siles de cui­sine, etc… Petit flo­rilège, issu des arcades bernois­es. Des sal­adiers moulés à par­tir de dis­ques vinyl (authen­tiques, apparem­ment, bel exem­ple de recy­clage); un canard pour le bain for­mat géant (env­i­ron 50 cm de haut); des bijoux arti­sanaux en tis­su, en forme de champignons; un pot à lait jaune frap­pé de l’ef­figie de la Vache qui rit de Ben­jamin Rabier; des pinces spé­ciales pour garder les chaus­settes en paires durant la lessive (argh! C’é­tait mon idée); des toiles à pein­dre minia­tures, ten­dues sur chas­sis comme les grandes; un mobile de gross­es dames col­orées de Niki de Saint Phalle; un gâteau à plusieurs étages fait entière­ment de marsh­mal­lows et couron­né d’un Snoopy en sucre; des bons préim­primés pour le cadeau de son choix, pliés tout petits dans une boîte d’alumettes; un aimant pour le fri­go en forme de petit beurre, d’au­tant plus réal­iste que tout mou; et pour finir, une fleur: une rose beige de corps, rouge sur les bor­ds, juste­ment bap­tisée “Geisha”. Mais finale­ment, je n’ai rien acheté. 

Recollons le monde

Devant le palais fédéral à Berne, une organ­i­sa­tion car­i­ta­tive (dont je n’ai saisi ni le nom ni le domaine d’ac­tiv­ité) tenait tente et abor­dait les pas­sants. Sa ban­de­role dis­ait (en alle­mand): “Même si c’est grave, il y a tou­jours quelque chose à faire”. Un slo­gan opti­miste illus­tré par un dessin ma foi plutôt mignon: alors que deux mains s’ap­pliquent à rec­oller les frag­ments de la planète Terre (creuse?) brisée comme un vase ming, une troisième main, sec­ourable, leur tend un des morceaux répan­dus alen­tour. Ah, si seule­ment les choses étaient si sim­ples! N’empêche, je m’in­ter­roge. Défor­ma­tion pro­fes­sion­nelle sans doute: quel type de colle faudrait-il employ­er? De l’ex­tra-forte, en tout cas. 

Poisson d’avril!

Ven­dre­di dernier, jour du pois­son. Et dou­ble­ment vu que c’é­tait le 1e avril! Comme chaque année, j’ai donc traqué et dégusté l’ab­surde dans les jour­naux (la garde suisse du Vat­i­can va être sup­primée pour cause de sur­poids général­isé? Les archéo­logues ont exhumé un com­plexe de détente gal­lo romain au cen­tre-ville?). Mais le seul vrai bon pois­son de la journeé, c’é­tait un gâteau aperçu dans la vit­rine d’une con­fis­erie, avec oeil en cerise et écailles en aman­des; on l’avait même exposé près d’une grande four­mi en métal qui jouait de la trompette!