Premier biscôme

Le pre­mier bis­côme de l’an­née, ce n’est finale­ment pas la Dame de Noël* qui me l’a offert, mais… Saint Nico­las lui-même! Remon­tant la Rue de Lau­sanne à l’is­sue de son tra­di­tion­nel dicours à la cathé­drale, il jetait dans la foule ses non moins tra­di­tion­nels bis­cômes (avec une belle énergie d’ailleurs pour un vieil­lard de 99 ans: les locataires du deux­ième étage penchés à leurs fenêtres en ont même reçu dans la fig­ure). Et voilà que j’ attrappe à la volée une de ces pré­cieuses frian­dis­es! Je la garde bien ser­rée dans ma main pour la pro­téger de l’ag­i­ta­tion ambiante, tout heureuse et émer­veil­lée comme une gamine! Comme une gamine? Les temps changent, dirait-on… Un père me dépasse, con­solant son fils qui râle de n’avoir reçu “qu’un seul bis­côme”. Plus loin, un groupe de skin­heads minia­tures s’en rem­plis­sent les poches avec froideur et avid­ité. En regar­dant s’éloign­er la mitre et le gant blanc (tout tein­té de brun), je me sens soudain prise de nostalgie… 

* voir chronique du 4 décem­bre dernier

Le sapin dans la bulle

Sur la Place Vendôme, à Paris, c’est la Suisse qui a été chargée de créer la déco­ra­tion de Noël: des élé­ments à con­no­ta­tion hiver­nale et mon­tag­narde, genre tas de bûch­es (mer­ci les clichés, mais bon), dis­posés sous des bulles trans­par­entes. Pas tou­jours très beau ni très orig­i­nal apparem­ment, sauf en ce qui con­cerne le sapin de Noël: tout sim­ple et nu dans sa bulle, il rap­pelait un peu une boule à neige géante. En voy­ant sa pho­to dans le jour­nal, j’ai pen­sé que cela pour­rait être trans­posé à Fri­bourg, comme alter­na­tive aux sap­ins publics si mai­gre­ment décorés par peur du van­dal­isme. Pro­tégé par sa bulle, l’ar­bre ne craindrait plus les dépré­da­tions, et pour­rait donc arbor­er les orne­ments féériques qui lui siéent! En lisant l’ar­ti­cle pour­tant, j’ai bien vite déchan­té: les bulles parisi­ennes sont en plas­tique mou, et il a fal­lu poster un polici­er pour empêch­er les gens de les toucher…

Le sourire de la Dame de Noël

Un soir, 17 heures, sur la route Bulle-Fri­bourg (via La Roche, là où les vil­lages sont les plus char­mants, et les meringues les meilleures). Soudain, toutes les fenêtres des maisons ori­en­tées à l’Ouest se met­tent à flam­boy­er, comme si elles étaient en cuiv­re ou reflé­taient soudain les flammes d’un incendie énorme. Du coup, tous les pas­sagers du bus se sont retournés: le ciel der­rière le Molé­son s’embrasait d’o­r­ange, et ver­sait peu à peu dans les dégradés de verts, de bleus trans­par­ents, de vio­lets, avec des tach­es de nuages presque noirs. Tableau superbe qui m’a rap­pelé une phrase de ma mère, lorsqu’en­fant j’ad­mi­rais les couch­ers de soleil de fin d’an­née : “C’est la dame de Noël qui fait des bis­cômes”. Sere­ine, je me ren­fonce dans mon siège. Noël peut commencer! 

Là où naissent les fournitures de bureau

Sou­vent je me suis demandée d’où prove­naient les tableaux qui gar­nissent les murs des bureaux com­mer­ci­aux ou admin­is­trat­ifs (assur­ances, ban­ques, office des pour­suites, …etc) ; tableaux qui con­sis­tent générale­ment en médiocres repro­duc­tions de pein­tures célèbres ou en trucs semi abstraits par­faite­ment anonymes. Réponse: de cat­a­logues spé­cial­isés dans l’amé­nag­ment des bureaux! On y trou­ve absol­u­ment tout, des meubles aux plaques de WC en pas­sant par les agrafes trom­bone, la machine à café, les jou­ets pour la salle d’at­tente, la fontaine orne­men­tale et les plantes vertes (vraies ou fauss­es)! La ten­dance actuelle sem­ble d’ailleurs à une cer­taine fan­taisie, voire car­ré­ment aux créa­tions de design­ers. Ain­si, on pro­pose des stores ou des dossiers de couleurs vives, des fau­teuils Voltaire en plex­i­glas, des par­avents très chics et même une table “zen” avec couche de sable à ratiss­er! Du coup, ques­tion fon­da­men­tale: pourquoi dans les bureaux que je fréquente chaque jour, les classeurs et les armoires restent-ils donc désepéré­ment gris, les fau­teuils noirs, la déco­ra­tion austère? 

Sauvons le monde

Coup de coeur pour une col­lègue de tra­vail, déjà bonne fée des plantes vertes de nos bureaux, sur­prise en train de tri­er les déchets à la cafétéria. De son chan­tant accent slave, elle m’avoue timide­ment, comme pour s’ex­cuser: “Vous com­prenez, il faut le faire, il y a telle­ment de détri­tus, telle­ment de pol­lu­tion… Je voudrais sauver le monde.” Ah, Madame, si seule­ment tout le monde pen­sait et fai­sait comme vous!