Souvenirs de Bâle

Un équilib­riste en fer forgé plane au-dessus d’une mai­son bap­tisée “Teufel­hof”. En pleine rue, une colonne Mor­ris cou­verte d’af­fich­es s’ou­vre soudain et un homme en sort: dedans, il y a un escalier en col­i­maçon. L’hô­tel de ville est rouge, peint et sculp­té jusque dans ses moin­dres recoins de vis­ages, de feuil­lages et d’an­i­maux, dont des homards. A l’en­trée des toi­lettes de la Skulp­turhalle, une antique stat­ue grecque lève sa robe. Le sapin de Noël offi­ciel se pare de guir­lan­des scin­til­lantes découpées dans de vieux CD. Devant une bou­tique, un renne en plas­tique grandeur nature a des leck­er­li dans l’or­eille. La ville de Bâle ressem­ble à un poème surréaliste!

Souvenirs de Gruyères

Gruyères, petit bijou médié­val juché sur une colline près de son château. Pour l’amour des vis­i­teurs, asi­a­tiques sou­vent, on cul­tive avec une naïveté bon enfant “l’au­then­tique” et “le ter­roir”. Autrement dit, on pro­pose surtout de la poterie à pois, des meringues, de la fon­due au vacherin, de la crème dou­ble, et des bricelets que l’on fab­rique presque en direct (fer à l’ap­pui). Les bou­tiques sont mignonnes, le cadre aus­si, et ça sent bon dans la rue. On en repart tout rafraîchi. Au pied de la colline, la “Mai­son du gruyère” sem­ble vouloir pro­longer la balade. Par une grande baie vit­rée, elle dévoile ses caves d’af­fi­nage où mûris­sent des dizaines de meules. Appétis­sant spec­ta­cle mal­gré un excès d’i­nox. Mais voici le fro­mager: c’est un robot en forme de char­i­ot, qui saisit les meules, les retourne et les brosse cha­cune à son tour. Franche­ment, ça casse un peu l’ambiance…

Grosse bise

La bise. Elle nous gèle le crâne, les oreilles, s’en­gouf­fre sous le col de la veste. Du coup les pas­sants ont des allures de pin­gouins, marchant tout emmi­touf­flés, les mains dans les poches et la tête ren­trée dans les épaules! Mais elle ne malmène pas que les humains: elle arrache aux arbres leurs dernières feuilles qui retombent en crissant sur le bitume et filent se blot­tir dans les coins; elle soulève la pous­sière en nuages, dis­perse les détri­tus des poubelles, effeuille les jour­naux page par page; elle fait cla­quer les volets les plus lourds; les vélos bas­cu­lent les uns sur les autres comme des domi­nos. C’est un grand coup de bal­ai aérien. Les can­ton­niers sont dés­espérés! Mais sous le pont, indif­férents à la météo, un groupe de canards flotte placide­ment. Points noirs qui con­clu­ent avec à pro­pos ce jour de froid…de canard.

Le Grittibänz

Le pre­mier “Grit­tibänz” de la sai­son, il n’a pas fait long feu. A peine sor­tie du mag­a­sin, je lui ai d’abord cro­qué les jambes, puis les bras, puis le torse, et enfin la tête. Il n’a pas bronché, restant stoïque jusqu’à la fin. Depuis l’en­fance, j’adore sa sil­hou­ette rebondie, sa chair moelleuse, son goût un peu sucré… Un délice. Pas ques­tion de can­ni­bal­isme cepen­dant. Le “Grit­tibänz”, c’est sim­ple­ment un bon­homme en pâte, avec des yeux de raisins secs. En schwytzertütch.

Gauche et droite

Acqui­si­tion de bas­kets noires et blanch­es, copies con­formes d’une paire que je pos­sède déjà en bor­deaux. Je me con­tente donc d’ essay­er la chaus­sure de démon­stra­tion pour juger de l’ef­fet des couleurs puis de pass­er à la caisse, ravie, avec le car­ton éti­queté 37. Mais en ouvrant la boîte à la mai­son, j’y décou­vre deux bas­kets… gauch­es! Bon. Retour au mag­a­sin. Par chance, la vendeuse a retrou­vé les petites soeurs droites et peut procéder à l’echange sans prob­lème. Elle m’avoue que cer­tains des clients qui font la même gaffe ne revi­en­nent pas. A croire qu’ils jet­tent directe­ment leurs chaus­sures neuves, ou qu’ils por­tent les deux mêmes pieds sans s’en ren­dre compte. Tiens… En ren­trant chez moi, je con­state avoir mis deux boucles d’or­eilles différentes.