Le lancer de la cuchaule

La béni­chon et son cortège de plats rob­o­rat­ifs, dont la fameuse (et déli­cieuse) cuchaule, je con­nais­sais. Mais le con­cours du lancer de la cuchaule, ça non! Pas ques­tion de gâch­er la nour­ri­t­ure cepen­dant, puisque le pro­jec­tile en ques­tion est en bois. “Du lamel­lé-col­lé avec deux longues vis au milieu pour le ren­forcer. C’est du solide!”, lit-on dans le jour­nal. Elle existe en 2 tailles: 550 grammes pour les enfants, et 1.9 Kg pour les adultes. Le record du lancer de cette année à Tantroz est même de 25.8 mètres, il paraît. Drôle de cou­tume? Cela me rap­pelle une autre tra­di­tion inso­lite, anglaise celle-ci, pra­tiquée jadis lors d’un fes­ti­val célébrant le Cheval blanc d’ Uff­in­g­ton: le “cheese rolling”. En l’oc­curence, le fro­mage était vrai! Mais la chronique ne dit pas dans quel état il atteignait le bas de la pente.

Histoire de pain à l’arabe

Pas un chat en basse ville en cette fin d’après-midi domini­cale et plu­vieuse. La tête dans les nuages, j’at­tends le bus. Soudain, une famille passe. Elle s’ar­rête un peu plus loin pour se con­cert­er, en arabe. La mère hausse soudain le ton puis se met à ges­tic­uler dans ma direc­tion en me jetant des regards enflam­més. Je com­mence à me sen­tir mal à l’aise… Mon esprit tourne dans tous les sens pour essay­er de com­pren­dre ce qui sus­cite cette réac­tion: mon atti­tude rêveuse n’a rien de choquant, pas plus que ma tenue, jeans et bas­kets ordi­naires en dia­ble. En fait c’est mon cabas, dont la trans­parence plas­ti­fiée laisse voir un pain paysan fraîche­ment acquis, qui a mis le feu aux poudres! La dame s’ap­proche et me demande dans un anglais approx­i­matif où je l’ai acheté. Ouf. J’en ai été quitte pour don­ner l’adresse de la boulan­gerie du coin, ouverte le dimanche. 

Ange étrange

Un grand coup de vent bal­aie Pérolles. De l’Ecole d’ingénieurs jusqu’au garage, du garage jusqu’à la Route de la Pis­ci­cul­ture, il éparpille sur le bitume rapiécé des plumes inhab­ituelles: blanch­es, oui, mais rec­tan­gu­laires, de for­mat A4! Témoignage de joie? De colère? De dis­trac­tion? En tout cas, pas d’ange ni d’ingénieur en vue près de ce tapis mou­vant. Fait explic­a­ble, peut-être, par le sujet de ces pages innom­brables: il s’ag­it d’un cours con­sacré aux “travaux souterrains”.

Des rapaces de poids

Le clou des fêtes médié­vales cette année était une démon­stra­tion de fau­con­ner­ie. Les ani­ma­teurs, en tenue pseu­do-moyenâgeuse assor­tie à leur dis­cours (“les Vis­i­teurs” ont décidé­ment lais­sé une indélé­bile empreinte), ont présen­té 4 oiseaux: une buse, très habile à ras­er les têtes du pub­lic ; un superbe hibou grand duc, au regard hyp­no­tique (il paraît que ses yeux virent du jaune au rouge au cours de sa vie, et qu’il peut vivre jusqu’à 35 ans); un fau­con, et même un aigle, à l’en­ver­gure de presque 2 mètres (tout nerveux, d’après ses plumes ébou­rif­fées). Le spec­ta­cle avait quelque chose d’iréel. Non seule­ment il est rare d’ approcher des rapaces d’aus­si près, mais leur docil­ité sem­blait éton­nante! C’est qu’il y avait aus­si un ingré­di­ent mag­ique dans la réus­site de la démon­stra­tion: des pattes de poulet tenues par les fau­con­niers, pour attir­er et récom­penser les oiseaux chaque fois qu’ils se posent sur leur gant! A se deman­der com­ment les bêtes ne devi­en­nent pas obès­es, à la longue! Quoique: ils étaient tous de belle taille. L’aigle pesait même 4 kilos, il paraît.

Nature sauvage!

Fri­bourg est en phase de béton­nage forcené. Exem­ple: le chantier des nou­veaux bâti­ments de l’u­ni, boîtes à chaus­sures de verre et de beige entourées par de mag­nifiques esplanades de goudron toutes nues. Une vraie rôtis­soire les jours de gross­es chaleurs. Un désert noir. Ce n’est pas que la ver­dure ait été oubliée: on a mis des arbres le long des façades. Alignés comme des sol­dats maigri­chons, leur tronc plan­té dans un petit car­ré de terre bien réguli­er découpé à l’emporte-pièce dans le bitume. Des fan­tômes d’ar­bres, qui finis­sent par ressem­bler à des acces­soires en plas­tique dans une maque­tte géante. Pour­tant, la chaleur et les orages de l’été ont changé ces car­rés, si minus­cules soient-ils, en prairies minia­tures. Des touffes hir­sutes vert intense, avec des hautes herbes, des gram­inées, des plantes, des fleurs! C’est comme une petite revanche de la nature sur tout ce béton. Ca fait du bien!