Les grandes eaux

C’est le déluge dans le can­ton de Fri­bourg. Les seaux déver­sés par le ciel s’ac­cu­mu­lent dans la terre qui les régur­gite de partout. Les caves se rem­plis­sent, les champs se changent en lacs, les riv­ières quit­tent leurs lits, les grilles d’é­gouts lan­cent des gey­sers brunâtres, les routes devi­en­nent miroirs liq­uides. Le ter­rain glisse, allant jusqu’à faire dérailler le train. L’air résigné sous la visière de leurs casques, des pom­piers tout bardés d’im­per­méable sur­veil­lent l’ar­mée de pom­pes qui tour­nent à plein régime. Une pan­car­te “A ven­dre” flotte ironique­ment sur l’eau d’un verg­er inondé. Les seuls à se réjouir sont les canards, qui ont investi sans tarder tous ces nou­veaux étangs! Et peu importe si leurs pattes en touchent le fond.