Le pont du Gard, fameux aqueduc romain du Sud de la France, ne fait décidément pas son âge (soit presque 2000 ans). Il a traversé le temps quasi intact, ses arches de calcaire jaune enjambent les gorges du Gardon avec grâce comme un ruban de dentelle. C’est aussi un monument très populaire, à en juger par la foule bigarrée qui défile en permanence à ses pieds: touristes, classes d’écoliers ou gens du cru, dont beaucoup profitent de la rivière en se baignant ou en faisant du kayak. Mais tous n’ont pas le regard levé vers les détails de la maçonnerie antique, pourtant grandioses. Car le pont semble être un lieu de drague privilégié pour les jeunes Provençaux! Et de déambuler torse nu, la démarche chaloupée, cigarette au bec, lunettes noires sur le nez, à l’affût des jeunes et jolies visiteuses en shorts. La déformation professionnelle aidant, je me suis prise à rêver, me demandant si les jeunes Romains, à l’époque de Claude et de Néron, faisaient déjà de même. La cigarette et les lunettes noires en moins, bien entendu. “Salut beauté, tu viens boire un gobelet à la taverne et faire un tour dans mon char?” Personne n’a compris pourquoi je riais toute seule.