D’Irlande en vrac (3): Shopping du soir à Belfast (2)

Peu après l’épisode des lunettes belfas­tois­es, j’en­tre dans un mag­a­sin de chaus­sures et tombe en arrêt devant une fort jolie paire: de fines bas­kets en cuir brun à empièce­ments de satin fleuri bor­deaux. Mal­heureuse­ment, il n’y a qu’un mod­èle d’ex­po­si­tion, trop grand, et comme les poin­tures sont anglais­es, je ne sais pas laque­lle deman­der. C’est que nous sommes ici au Roy­aume Uni- même s’il sem­ble impos­si­ble de dénich­er un café ser­vant des after­noon teas avec des scones… Prenant donc à deux mains mon courage, la bas­ket et mon meilleur anglais (pas tou­jours per­for­mant dans ce pays), je vais me ren­seign­er auprès du vendeur. Costard gris fon­cé et crête de coq gom­inée, celui-ci s’avère éton­nam­ment effi­cace. Sans ter­gi­vers­er, et sans avoir l’air autrement éton­né de ma requête, il sort de der­rière son comp­toir un instru­ment que je n’avais plus vu depuis mon enfance (époque où ma poin­ture changeait très vite): une sorte de  semelle géante avec une réglette coulis­sante ser­vant à mesur­er la longueur du pied. J’ôte donc mes chaus­sures de ran­don­née, un peu gênée d’ex­pos­er mes chaus­settes imprégnées de toute une journée de vis­ites (par chance, elles ne sont pas trouées), et me plie à l’ex­er­ci­ce. Ver­dict: taille 4. Une vendeuse m’ap­porte bien­tôt les chaus­sures en ques­tion, qui vont très bien. Marché con­clu. Je quitte le mag­a­sin avec ma carte de crédit plus légère de quelques dizaines de livres, et l’e­spoir que l’au­tomne suisse ne soit pas trop plu­vieux pour que je puisse porter mes nou­velles acqui­si­tions. En ce qui con­cerne l’after­noon tea, pronon­cé high tea en Irlande, il a finale­ment eu lieu quelques jours plus tard. Il a même été par­ti­c­ulière­ment high, puisque je l’ai pris durant le vol de retour, à 11’000 mètres d’altitude!