Les boueux

L’autre jour, sur un quai de la gare de Genève, une troupe de jeunes gens court pour attrap­er le train. En vieux t‑shirts et sacs à dos, avec des jeans et des bottes de caoutchouc large­ment mac­ulés de boue. Prob­a­ble­ment des étu­di­ants en archéolo­gie qui font leurs fouilles de l’été, ai-je pen­sé spon­tané­ment (les habi­tudes sont tenaces, une cer­taine nos­tal­gie aus­si, en fin de compte). Puis la lumière s’est faite dans mon esprit: c’é­tait le train pour Nyon, et dans le jour­nal comme dans les con­ver­sa­tions de mes col­lègues ce jour-là, on avait abon­dam­ment cité la gadoue sévis­sant au Paléo. Point d’archéo­logues donc, mais des fes­ti­va­liers, en route vers une soirée humide. Cer­tains venaient d’ailleurs aus­si de Fri­bourg:  le lende­main matin, le sol de la gare était con­stel­lé de traînées boueuses, ves­tiges de retours tardifs…