L’écureuil insomniaque

Ces derniers jours, mal­gré la neige et le froid qui per­sis­tent, il y avait dans l’air un je-ne-sais quoi de print­anier. Une soudaine bouf­fée de vent tiède qui ranime les odeurs de la terre et de la forêt, les oiseaux qui recom­men­cent à chanter, et ce matin, un écureuil roux très act­if. Un peu désori­en­té, mal réveil­lé peut-être, il tour­nait en rond sur le trot­toir, nez au sol comme s’il cher­chait quelque chose. Il était si affairé qu’il n’a remar­qué ma présence que lorsque je me suis trou­vée à moins d’un mètre de lui. Hési­tant alors entre grimper sur un arbre proche et tra­vers­er la rue, il s’est jeté en droite ligne sur le Boule­vard de Pérolles! Par bon­heur, il y avait juste­ment une pause dans le traf­ic du same­di matin. La petite boule de poils au grand panache rouge a atteint sans encom­bre l’autre côté et s’est enfon­cée dans un four­ré. Ouf! Car rien n’est plus triste que ces écureuils impru­dents qui gisent trop sou­vent écrasés au bord de la route.

La chasse aux jeans

C’est les sol­des. Me voici repar­tie en chas­se pour trou­ver une paire de jeans. L’ex­er­ci­ce n’est pas aus­si facile qu’il en a l’air, mal­gré les mon­tagnes de toile bleue, plus ou moins délavée et plus ou moins usée, qui rem­plit les mag­a­sins. Car la nature m’a con­féré une sil­hou­ette peu com­pat­i­ble avec les stan­dards des coupes actuelles, sys­té­ma­tique­ment trop ser­rées aux cuiss­es et trop vastes à la taille. De guerre lasse, je suis allée dans une bou­tique de mode grandes tailles, en espérant que là, les pro­por­tions des jeans seraient peut-être dif­férentes et me siéraient mieux. Peine per­due: je flot­tais lit­térale­ment dans tous les mod­èles pro­posés. “Ce sont les plus petites tailles!”, a gémi la vendeuse, désolée. Ain­si, je n’ai pas trou­vé de jeans, mais suis repar­tie avec le moral tout remon­té: ce n’est pas sou­vent que j’en­tends ça!

La soutane (bis)

L’homme à la soutane est revenu (voir chronique du 19 juil­let 2005)! Cette fois, je l’ai aperçu chez… H&M, en train d’es­say­er un man­teau d’hiv­er. Un man­teau long, noir et cin­tré bien sûr. Hélas pour lui, ce mod­èle n’ex­iste qu’au ray­on femmes, et dans des tailles défi­ant toute largeur d’é­paules mas­cu­lines, même menue… Il est donc repar­ti tout dépité, sous l’oeil incré­d­ule d’une jeune vendeuse larg­ment dénudée au niveau du nom­bril! Poilant. Et moi qui croy­ait qu’il exis­tait des cat­a­logues de con­fec­tion spé­ci­aux pour les hommes d’église, où, à l’in­star des agricul­teurs ou des menuisiers, ils pou­vaient acheter tous leurs “vête­ments de travail”!

Vieille peau!

Etrange, cette per­fi­die spon­tanée qui peut sur­gir entre deux femmes, même lorsqu’elles ne se con­nais­sent ni d’Eve ni d’Adam. Exem­ple lors d’un récent pas­sage en par­fumerie afin d’ acheter un baume pour le con­tour des yeux (zone frag­ile et sen­si­ble s’il en est, surtout passé le cap de la trentaine, soupir). La vendeuse, dix-huit ans à tout cass­er sous son épais mas­cara noir, me pro­pose en sus des échan­til­lons de pro­duits de beauté. Je demande à essay­er une crème pour le vis­age dans une mar­que qui m’in­téresse. Elle plonge sous son comp­toir, et après un échange de mon­naie et de sourires, je repars avec mon petit cor­net. Arrivée à la mai­son, je vide ce dernier sur le bord du lavabo et décou­vre des échantillons…de crème antiri­des! De là à me traiter de vieille peau, il n’y a qu’un pas. Un pas aus­si petit que le tube.

Moi, je fête Noël

Noël approche! Comme il est de bon ton ces dernières années, cer­tains esprits cha­grins se van­tent déjà de ne plus acheter de cadeaux (car Noël est devenu une fête pure­ment com­mer­ciale) et surtout de ne plus décor­er de sapin (pau­vre créa­ture sac­ri­fiée sur l’au­tel égoïste de quelques jours de fête). Soit, le côté mer­can­tile est indis­cutable; d’ailleurs, les mag­a­sins nous assè­nent choco­lats et guir­lan­des depuis la fin du mois d’oc­to­bre déjà! Soit, le sapin est un arbre que l’on coupe (quoiqu’il soit expréssé­ment cul­tivé dans ce but). Mais faut-il pour autant boud­er les fêtes? Moi, je l’avoue, j’aime la lumière des bou­gies, les décors scin­til­lants, le par­fum du sapin, les vis­ites des par­ents et des amis, le rit­uel des cadeaux, la table bien mise, les frian­dis­es de cir­con­stance, et ce je ne sais quoi de par­ti­c­uli­er qui imprègne tout. C’est une atmo­sphère un peu mag­ique qui rap­pelle l’en­fance. Je le déclare donc, au risque de pass­er pour démod­ée (ce ne sera d’ailleurs pas la pre­mière fois): cette année, je fête Noël!