Des calendriers de l’Avent pour chiens et chats! Ca existe, ils sont en promotion au supermarché. Ils ressemblent tout-à-fait à ceux que nos mamans nous préparaient lorsque nous étions petiot(e)s pour nous faire patienter avant Noël, sauf que les petites portes numérotées cachent des friandises canines ou félines. Et pas de banales croquettes: biscuits en forme d’étoile, de poisson, de hamburger (!), d’os, mini bonshommes en pain d’épice, fourrés, aromatisés à la vanille, à la cannelle, etc. Des gourmandises très saines pour nos amis à quatre pattes, d’ailleurs, puisque la composition imprimée au dos de la boîte énumère sans complexe sucre, colorants et additifs. Alors que la moitié de la planète ne mange pas à sa faim, on semble décidément ne plus savoir que faire de notre opulence alimentaire. Mais le plus triste, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de nourriture. Ce genre de produits reflète en fait un mal très actuel: la solitude. Seule consolation, l’étalage était (encore) intact.
Souvenirs de Bâle
Un équilibriste en fer forgé plane au-dessus d’une maison baptisée “Teufelhof”. En pleine rue, une colonne Morris couverte d’affiches s’ouvre soudain et un homme en sort: dedans, il y a un escalier en colimaçon. L’hôtel de ville est rouge, peint et sculpté jusque dans ses moindres recoins de visages, de feuillages et d’animaux, dont des homards. A l’entrée des toilettes de la Skulpturhalle, une antique statue grecque lève sa robe. Le sapin de Noël officiel se pare de guirlandes scintillantes découpées dans de vieux CD. Devant une boutique, un renne en plastique grandeur nature a des leckerli dans l’oreille. La ville de Bâle ressemble à un poème surréaliste!
Souvenirs de Gruyères
Gruyères, petit bijou médiéval juché sur une colline près de son château. Pour l’amour des visiteurs, asiatiques souvent, on cultive avec une naïveté bon enfant “l’authentique” et “le terroir”. Autrement dit, on propose surtout de la poterie à pois, des meringues, de la fondue au vacherin, de la crème double, et des bricelets que l’on fabrique presque en direct (fer à l’appui). Les boutiques sont mignonnes, le cadre aussi, et ça sent bon dans la rue. On en repart tout rafraîchi. Au pied de la colline, la “Maison du gruyère” semble vouloir prolonger la balade. Par une grande baie vitrée, elle dévoile ses caves d’affinage où mûrissent des dizaines de meules. Appétissant spectacle malgré un excès d’inox. Mais voici le fromager: c’est un robot en forme de chariot, qui saisit les meules, les retourne et les brosse chacune à son tour. Franchement, ça casse un peu l’ambiance…
Grosse bise
La bise. Elle nous gèle le crâne, les oreilles, s’engouffre sous le col de la veste. Du coup les passants ont des allures de pingouins, marchant tout emmitoufflés, les mains dans les poches et la tête rentrée dans les épaules! Mais elle ne malmène pas que les humains: elle arrache aux arbres leurs dernières feuilles qui retombent en crissant sur le bitume et filent se blottir dans les coins; elle soulève la poussière en nuages, disperse les détritus des poubelles, effeuille les journaux page par page; elle fait claquer les volets les plus lourds; les vélos basculent les uns sur les autres comme des dominos. C’est un grand coup de balai aérien. Les cantonniers sont désespérés! Mais sous le pont, indifférents à la météo, un groupe de canards flotte placidement. Points noirs qui concluent avec à propos ce jour de froid…de canard.
Le Grittibänz
Le premier “Grittibänz” de la saison, il n’a pas fait long feu. A peine sortie du magasin, je lui ai d’abord croqué les jambes, puis les bras, puis le torse, et enfin la tête. Il n’a pas bronché, restant stoïque jusqu’à la fin. Depuis l’enfance, j’adore sa silhouette rebondie, sa chair moelleuse, son goût un peu sucré… Un délice. Pas question de cannibalisme cependant. Le “Grittibänz”, c’est simplement un bonhomme en pâte, avec des yeux de raisins secs. En schwytzertütch.