Au retour de la photocopieuse, je le trouve gisant sur le sol: le petit panneau doré commémorant le soutien de la Loterie Romande, qui ornait la vitrine abritant une maquette de l’oppidum celtique du Mont Vully. Je pose donc mes papiers et ramasse le panneau, histoire de le remettre à sa place. Impossible. Ma main tâtonne, incrédule. Il n’y a plus de vitrine. Il n’y a plus de maquette. Mon cerveau met bien quelques secondes à comprendre: deux collaborateurs ont démonté l’oppidum et sont en train de l’emballer dans des caisses en bois. Je reste donc stupidement plantée là, mon panneau à la main, avec mes bonnes intentions. Heureusement, les collaborateurs en question ne m’ont pas vue: vite, je repose le panneau sur le sol et m’éclipse dans mon bureau, un peu honteuse de ma distraction.
Poisson d’avril!
Vendredi dernier, jour du poisson. Et doublement vu que c’était le 1e avril! Comme chaque année, j’ai donc traqué et dégusté l’absurde dans les journaux (la garde suisse du Vatican va être supprimée pour cause de surpoids généralisé? Les archéologues ont exhumé un complexe de détente gallo romain au centre-ville?). Mais le seul vrai bon poisson de la journeé, c’était un gâteau aperçu dans la vitrine d’une confiserie, avec oeil en cerise et écailles en amandes; on l’avait même exposé près d’une grande fourmi en métal qui jouait de la trompette!
Le pinson
Un pinson fait-il le printemps? Ce matin, j’en ai vu un de tout près, perché sans peur sur le parapet de pierre du Pont Saint Jean. Un vrai petit vitrail vivant sur la grisaille brumeuse du matin. Du coup, à défaut d’hirondelle, j’y ai presque cru! Car plus loin, dans le jardin de l’église, un jasmin d’hiver faisait jaillir ses branches d’un jaune lumineux, tandis qu’un magnolia couvert de gros boutons de porcelaine se préparait à fleurir.
Le plaisir de faire les comptes
A chaque début de mois, il faut bien rassembler les factures à payer, faire les comptes. Pour cela, je m’assieds généralement à la table du salon, là où il y a le plus de place. Je me suis donc installée, face à la porte-fenêtre ouverte. En cette fin d’après-midi printanière, le courant d’air doux apportait les parfums de la forêt et le chant des oiseaux, mésanges et surtout merle, qui enchaînait les trilles depuis un arbre voisin. Et en face de moi, sur la petite table en marbre du balcon, une touffe de violettes cornues se balançait doucement dans son pot de terre cuite, seule tache de couleur vive sur les arbres encore nus. Du coup, avec pareille ambiance, ma corvée est presque devenue un plaisir. A retenir pour les mois suivants puisque selon le calendrier, on va forcément vers le beau et le chaud (du moins, on l’espère)!
Du bon usage du bv
En parlant de faire les comptes: parmi les factures de ce mois-ci, il y avait un bulletin de versement destiné à régler l’abonnement à notre cher quotidien local. Au bas de la lettre d’accompagnement figurait une phrase signalant la présence dudit bulletin, et nous remerciant “d’en faire bon usage”. Doute subit: quel peut donc être le bon usage à faire d’un bulletin de versement? Une cocotte? Un avion? Un bateau (je suis très forte pour fabriquer des bateaux en papier, si,si)? Une liste de commissions? Un allume-feu? En tous cas, spontanément, il ne me viendrait jamais à l’idée de m’en servir pour payer quoi que ce soit: car au fond, ce n’est que du papier!