Archéologie en kit

J’ai eu du mal à y croire. Et pour­tant, c’est vrai: on peut désor­mais faire de l’archéolo­gie sans quit­ter son salon! Il suf­fit d’a­cheter une boîte con­tenant un morceau de terre, dans lequel ont été dis­posés les tes­sons d’un vase (une “copie authen­tique”), époque à choix: romaine, grecque, étrusque ou pré­colom­bi­enne. A l’aide de la petite spat­ule fournie, on gra­touille con­fort­able­ment pour exhumer les frag­ments, avant de les remon­ter et de restau­r­er le vase obtenu. Facile! Ca don­nerait presque envie de faire de la vraie archéolo­gie. Sauf que là on est dehors, à genoux dans la boue, et que l’on ne trou­ve en général que quelques tes­sons à la fois; tes­sons qui d’ailleurs appar­ti­en­nent rarement au même pot, sans par­ler du fait que l’on ne sait jamais à l’a­vance ce qu’on va trou­ver (si l’on trou­ve quelque chose). Mais main­tenant que les fouilles sont ter­minées, il ne me reste plus qu’à acheter la boîte, par nostalgie…

Un chantier surréaliste

Sur le chantier de Pérolles 2, il est temps de gar­nir d’ arbres l’ esplanade en béton qui s’é­tale entre les divers­es bâtiss­es. Ceux-ci ont donc été livrés il y a quelques jours; couchés en rang sur le sol en atten­dant d’être plan­tés, les arbustes déjà robustes mon­traient leurs racines pris­es dans de gross­es mottes de terre, elle-mêmes embal­lées dans un filet trans­par­ent. C’est d’ailleurs la pre­mière chose que j’ai remar­quée. De loin, ces mottes ovales, brun fon­cé, ressem­blaient presque à de gros oeufs de Pâques en choco­lat! Des oeufs inso­lites hors desquels pous­saient des arbres! Non loin, il y avait aus­si une pelle mécanique rose et un gros rouleau de tuyau jaune cit­ron. De quoi égay­er les façades si beiges des bâti­ments . Et d’ap­porter une touche sur­réal­iste à ce si triste chantier.

Moi et mes fringues

Chaque print­emps, en faisant la révi­sion de mes habits pour la nou­velle sai­son, c’est la même chose. Les pulls et les T‑shirts remon­tent soudain der­rière ou sont tout défor­més; les pan­talons devenus trop courts ser­rent à l’en­tre­jambe; les jupes baîl­lent à la taille tan­dis que leur ourlet sem­ble être mys­térieuse­ment remon­té d’un cran; les jacquettes zip­pées pen­douil­lent tout en gon­do­lant à la fer­me­ture; les man­teaux sem­blent ou trop vastes ou trop étroits; et plus générale­ment, l’ensem­ble paraît un brin démodé, en tout cas prodigieuse­ment peu flat­teur… A se deman­der com­ment j’ai fait pour porter tout ça sans honte l’an­née d’a­vant! Invari­able­ment, je me retrou­ve avec l’en­vie urgente de refaire toute ma garde-robe. Je me rends donc dans les mag­a­sins, l’e­spoir et la déter­mi­na­tion en ban­douil­lère. Et chaque print­emps, c’est la même chose: je repars sans rien, déprimée par la laideur et le for­mat micro­scopique de la mode pro­posée. Du coup, je remets mes vieil­leries; après tout, elles ne sont pas si mal. Et elles tien­dront bien encore une saison… 

Premier lapin de Pâques

L’autre jour à l’ar­rêt du bus, une fil­lette est venue vers moi pour me mon­tr­er fière­ment ce qu’elle tenait dans ses bras: “Vous avez vu, Madame, c’est un vrai lapin!” En effet, un joli lapin beige aux longues oreilles, bap­tisé “Boule de poils”. Adorable, et par­faite­ment de cir­con­stance puisque les fêtes de Pâques débu­tent la semaine prochaine. Mais ce qui m’a lais­sée rêveuse, ce n’é­tait pas tant l’an­i­mal que sa maîtresse, qui offrait une frap­pante ressem­blance physique avec moi-même il y a de cela à peu près 20 ans (même vis­age aux joues rebondies, même sil­hou­ette un peu ron­douil­larde, même coupe au car­ré sur cheveux blonds…) ! Mais aux lap­ins, je préférais alors les cochons d’Inde. Vrais aus­si, bien sûr. 

Ingrédients pour une pièce de théâtre

Comme cha­cun sait, la pièce “Mémoires des plaisirs de bouche” est actuelle­ment sur les planch­es du Théâtre de la Cité à Fri­bourg (www.tcf.ch). “Fan­taisie gour­mande” entre Venise et Ver­sailles, mémoires d’un pâtissier, elle traite beau­coup de gas­tronomie (la cui­sine est par­fois qua­si­ment faite sur scène). Il est donc sym­pa­thique de faire les cours­es pour l’al­i­menter en acces­soires: des têtes de nègre (par­don, au choco) à la douzaine, des huîtres (à manger avant le spec­ta­cle pour n’en con­serv­er que les coquilles), de la farine et de la lev­ure pour fab­ri­quer de vrais-faux kou­glofs, un ananas entier et divers fruits pour décor­er, des crevettes, des pâtes, du parme­san, du papri­ka pour rem­plac­er le safran, des flo­rentins, des amaret­ti, du jus de pommes en guise de vin blanc, du jus de raisin en guise de vin rouge, du thé froid en guise de rhum (Rome? Non, Venise!),… etc. Bref, à boire et à manger. Sauf en ce qui con­cerne la crème chan­til­ly, qui s’ob­sti­nait à retomber avant la fin de la scène: elle a donc été rem­placée par de la mousse à ras­er. Je plains l’ac­teur qui doit faire mine de s’en délecter! Bon appétit.