D’Irlande en vrac (4): Fungie de Dingle

Din­gle, char­mant petit port blot­ti dans une baie, sur la pénin­sule du même nom. Ce n’est pas son atmo­sphère pais­i­ble ou ses façades aux teintes pas­tel qui y attirent le plus de vis­i­teurs, mais… un dauphin. Celui-ci, qui s’est apparem­ment apprivoisé lui-même, a élu domi­cile dans la baie depuis les années 80, et joue sans se lass­er avec les bateaux et les nageurs qui vien­nent lui ren­dre vis­ite. Bap­tisé Fungie (fun guy), il est même devenu l’at­trac­tion touris­tique prin­ci­pale de l’en­droit, et fait l’ob­jet de prom­e­nades en bateau régulières. Grands ama­teurs d’an­i­maux, nous nous sommes offerts la croisière; un peu chère, mais après tout, il n’est pas si fréquent de voir un dauphin sauvage. Nous embar­quons donc avec une dizaine d’autres per­son­nes sur un petit bateau ouvert aux ban­quettes de bois, par un bel après-midi ensoleil­lé. Les paysages de la baie sont dignes d’un tableau impres­sion­niste: phares aux couleurs vives, falais­es ridées tapis­sées de fleurs ros­es, prairies aus­si veloutées que des ter­rains de golf, rochers aux formes tara­bis­cotées, vols de goé­lands, mer d’un bleu pro­fond,… On se sent vrai­ment en vacances. On se prend presque pour des marins au long cours. En même temps, bien sûr, on scrute les vagues, se deman­dant si et où le dauphin appa­raî­tra. S’il ne se mon­tre pas, la balade est gra­tu­ite: il faut croire que la ren­con­tre est garantie! Soudain, un cri, et tout le monde se rue à tri­bord, faisant pencher dan­gereuse­ment l’embarcation: une sil­hou­ette som­bre et fuselée file sur le flanc du bateau! Une pirou­ette mon­tre la nageoire dor­sale, le trou de res­pi­ra­tion, la queue. Puis Fungie reste invis­i­ble un long moment. Tout le monde est excité, et serre fébrile­ment son appareil pho­to en obser­vant les alen­tours. Le dauphin réap­pa­raît plus loin, près d’un autre bateau, avant de plonger à nou­veau. L’e­space de quelques sec­on­des, nous le voyons même sor­tir de l’eau sa bouille souri­ante et pouss­er un petit cri comme pour nous saluer. Ce jeu de cache-cache dure ain­si pen­dant presque une heure, avec à chaque appari­tion du cétacé des excla­ma­tions ent­hou­si­astes et le bateau qui tangue forte­ment tan­dis que les gens se pré­cip­i­tent d’un côté à l’autre. Je ne suis même pas sûre qu’il y avait des gilets de sauve­tage sous les bancs! Finale­ment, nous regagnons le port, un peu fatigués, très con­tents. Tous les par­tic­i­pants ont le sourire aux lèvres. Pour bien con­clure l’ex­cur­sion, nous nous faisons tir­er le por­trait aux côtés du héros du lieu. Pas en vrai, bien sûr, mais en bronze: Fungie a sa stat­ue grandeur nature sur la place près du port! A vrai dire, il nous sem­ble un peu émerg­er d’un songe. Mais nous n’é­tions pas au bout de nos sur­pris­es aqua­tiques. Lorsque dans la foulée nous avons vis­ité l’aquar­i­um, nous avons eu l’oc­ca­sion de…caresser des raies et des soles qui venaient faire le beau! Con­trée par­ti­c­ulière que l’Ir­lande, décidément.