Un matin à Genève dans un bus rempli d’une foule dense et hétéroclite, mais à majorité cravatée. C’est la ligne des organisations internationales, ce qui n’empêche pas le véhicule d’être à la fois vétuste et très en retard. Un cravaté proche, apparemment à destination de l’ONU, demande à son collègue: “Are you sure it’s the right bus? Aren’t we going to some suburb and be lost forever?” C’était bien le bon bus. Même si à l’instant, le bus qui nous croisait en sens inverse arborait sur son front:“N°11. Bout du monde”.
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Câlins gratuits
En début de soirée dans le hall de la gare de Lausanne, un jeune homme faisait les cent pas d’un air décidé. Il tenait à la main une pancarte indiquant: “Câlins gratuits/free hugs”. Du reste, l’allure barbue et un peu replète du personnage évoquait vaguement un gros ours en peluche. Une idée somme toute assez mignonne, en cette période de Saint Valentin. Malheureusement pour lui, les clients ne se pressaient pas au portillon… Tel un anti-aimant, il semblait même générer autour de lui un spectaculaire espace vide! On aurait dit que les gens, gênés ou vaguement effrayés par cet étrange manège, se tenaient tous à bonne distance, serrés vers les bords de la salle! Tandis que j’observais la scène d’un oeil amusé mais aussi un peu attristé, j’avais oublié la règle n°1: ne jamais s’attarder dans le hall de la gare de Lausanne. Il a suffi de quelques secondes pour qu’un drogué m’aborde et me demande de l’argent…
Papa, dis bonjour!
La tendance me frappe depuis quelques années déjà: lorsque les gens (célèbres ou non) sont interrogés sur eux-mêmes dans les médias, presque tous affirment vouloir “aller vers les autres”, “rencontrer l’autre”, “s’ouvrir aux autres”, etc. Et pourtant, lorsqu’on regarde autour de soi, la société semble s’appliquer à prendre le chemin inverse. Désormais, à l’heure de la politesse plus que minimale, on se fait pratiquement regarder de travers si l’on salue un inconnu ou si l’on s’excuse de l’avoir bousculé… Heureusement, il y a des exceptions. Parfois inattendues, comme ce dernier matin dans le train Neuchâtel-Fribourg. A peine étais-je montée à bord, tirant la porte du wagon derrière moi, qu une petite voix s’élève: “Bonjour!” Je me retourne, et vois un garçon haut comme trois pommes qui me sourit de toutes ses dents. “Salut!”, lui réponds-je, plutôt charmée, avant d’aller m’asseoir un peu plus loin. La petite voix continue. “Papa, pouquoi tu n’as pas dit bonjour à la dame?” Silence, puis une voix d’homme bourrue: ” Ben, elle ne m’a pas dit bonjour”. Le garçon insiste: “Mais moi j’ai dit bonjour, et elle m’a répondu. Allez, papa, vas‑y, essaie!”. J’aurais bien voulu connaître la fin de la conversation. Malheureusement, elle a été noyée par le rap tonitruant qui s’est élevé d’un compartiment voisin. Histoire de rencontrer les autres en faisant partager ses goûts musicaux, probablement…
Le renard dans l’escalier
Fraîchement revenue de notre grand bol d’Eire, la tête encore pleine de trèfles (prononcer “shamrock”), je sors de l’ appartement les bras chargés de linge sale, dans le but d’aller faire la lessive à la buanderie de l’immeuble (après un mois de pérégrinations, ça devenait plutôt urgent). Première chose visible dans l’entrebaîllement de la porte: une crotte, modèle canidé, taille petite à moyenne, d’aspect frais. Le chien de la voisine du dessus se serait-il oublié sur mon palier ? J’ouvre davantage… et tombe sur un jeune renard tout effrayé, qui me regarde avec des yeux comme des soucoupes! Je referme la porte, et annonce calmement à mon mari qu’il y a un renard dans l’escalier. Celui-ci croit d’abord à une blague, bien sûr. Les légendaires Goupils qui gravitent autour de la maison chaque soir s’en tiennent strictement au compost.… d’habitude. Il enfile donc un pantalon par-dessus son pyjama et empoigne le balai. Une fois constatée la véracité de mes propos, il en appelle à la fois à ses talents de biologiste et d’ex-gardien de zoo pour diriger l’animal, plus terrifié que jamais, vers la sortie. A force de patience et d’habiles manipulations, portant parfois littéralement la bête au bout du balai, il parvient à la faire redescendre. Celle-ci file dans le jardin sans demander son reste, non sans avoir laissé un “cadeau” (liquide ou solide) à chaque étage. La concierge, qui a ouvert sa porte et l’a presque vu filer devant elle, lève les bras au ciel. On nettoie, on rigole, et on s’étonne que telle situation ne se soit pas produite plus tôt, puisque la porte d’entrée ouvre pratiquement sur la forêt. Quoiqu’une cage d’escalier d’immeuble n’a en soi rien de très attirant pour un renard, même si y habite un biologiste anciennement spécialisé dans le renard urbain! Notre visiteur s’était probablement égaré en quête de territoire. Heureusement pour tout le monde, l’épisode ne s’est pas répété. Mais il a mis une majuscule sympathique à notre retour à la Pisciculture.
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