Devant un magasin exotique qui vend de tout, de la racine de manioc au sari coloré, de la carte de téléphone internationale au DVD Bollywood, du sac géant de riz basmati à l’huile de coco pour les cheveux, en passant par des sculptures en corne ou des magazines indéchiffrables, il y avait l’autre soir… un radiateur. Blanc, verni, côtelé d’une manière un peu rétro, mais si petit qu’il tenait sur un tabouret posé sur le trottoir, juste à l’entreé du magasin. Etant donné le joyeux capharnaüm qui règne dans l’échoppe, j’ai eu un doute: faisait-il partie de l’assortiment? Etait-il en action? A moins qu’il soit censé procurer un peu de chaleur aux fumeurs bannis par la nouvelle interdiction. Car après tout, il ne serait pas étonnant que cette boutique polyvalente fasse aussi office de bistrot.
Mon beau sapin…
Des coqs au rayon cosmétiques
Samedi matin dans un supermarché de la ville. Le chariot est plein, ne reste plus qu’à passer au département cosmétiques. Tandis que je parcours les rayons, à la recherche de kleenex et autres dentifrices, une voix s’élève depuis les étalages voisins. Un homme, apparemment au téléphone, puisqu’il parle tout seul. “Comment tu as dit que ça s’appelait? Avec une étiquette rose?” Silence. “Je vois que des étiquettes vertes ou violettes… Non, pas de roses! Attends, en voilà une… Antiâge superlift? Ce n’est pas ça?” Resilence. “C’est compliqué, il y en 36 sortes!” Nouveau silence, qu’on sent un peu tendu. “Bon, écoute, je trouve pas. La prochaine fois, tu viendras toi-même… Oui, parfaitement, tu viendras toi-même!” La conversation s’arrête net. Etirant le cou, je coule un oeil discret sur l’orateur. Et je vois deux jeunes hommes, avachis sur leur chariot (rempli de chips et de pizzas congelées, mais ceci est une autre histoire), l’air éxcédé. Leur impuissance face aux produits cosmétiques me laisse songeuse. En effet, ils arborent une peau rigoureusement lisse et bronzée, une crête gominée qui ferait rougir tous les coqs de la campagne fribourgeoise, et même, dirait-on, un peu de crayon noir sous les yeux…
Les fantômes d’Halloween
Tard le soir en Basse Ville. Dans un angle sombre du trottoir, deux jeunes garçons s’emploient à imiter Michael Jackson dans « Thriller », chapeau à l’appui et lecteur de CD portable à pleins tubes. Drôle d’endroit et drôle de moment pour répéter un numéro, ai-je pensé. Sans parler du fait que les garçons en question étaient bien trop petits pour rester dehors à ces heures. La chanson arrive à son terme, l’un des enfants s’effondre consciencieusement sur le bitume. Arrive un troisième larron, costumé en…squelette, dont les os luisent dans l’obscurité. L’effet est assez surprenant. Il apostrophe une passante, d’une petite voix qui contraste de manière comique avec son déguisement effrayant. C’est à ce moment-là que je réalise : nous sommes le soir d’ Halloween ! Dans le quartier, plusieurs citrouilles évidées ricanent et des bougies tremblottent sur les rebords des fenêtres pour éloigner fantômes et mauvais esprits de sortie cette nuit-là. D’ailleurs, dans le bus, les gens arboraient un peu des têtes de déterrés (les néons ne sont décidément pas flatteurs)… Le seul fantôme que j’ai finalement côtoyé était notre ami le renard, habitué du jardin, qui n’a pas cessé de glapir tout près de la maison. Peut-être parce que nous lui avions laissé les restes d’une…tête de moine. Bouh!
(NB : tête de moine: fromage suisse fabriqué dans le Jura bernois)
La machine à muscler les bras
Pour mon retour sur la toile après tous ces mois d’absence, il fallait une histoire un peu musclée. La voilà… Une fois n’est pas coutume, j’ai cédé aux sirènes de la publicité, qui vantait un appareil de gymnastique censé remuscler cuisses, fesses, ventre et bas du dos. Un bon résumé de mes “zones à problèmes”, dirons-nous… Bon. Il n’était pas très cher, semblait simple d’utilisation et peu encombrant. Après quelques moments de réflexion, je l’ai donc commandé. Manque de pot, comme j’étais absente le jour de la livraison, j’ai dû aller le chercher moi-même à la poste. Au guichet, l’employé me présente un énorme carton tout défoncé. “Vous êtes en voiture?”, me susurre-t-il avec mesquinerie. Ben non… Toujours pas de voiture, toujours pas de permis. Et la poste qui est à une bonne trotte de chez moi, hors des lignes de bus… J’empoigne donc à deux mains le paquet et mon courage, et prends tant bien que mal le chemin de la maison. L’horreur. Au début, le carton semblait plus encombrant que lourd, mais à la longue, étant donné qu’il n’avait aucune poignée, ficelle ou autre prise permettant de le porter correctement, l’exercice devenait de plus en plus pénible. Je suais à grosses gouttes sous le soleil de fin d’été. Et me sentais un peu honteuse dans la rue avec cette boîte dont l’emballage, illustré d’une pin-up athlétique et de slogans en couleurs fluo, trahissait si clairement le contenu. Il me semblait que tout le monde me regardait de haut en bas… Cahin-caha, je suis finalement arrivée chez moi. Epuisée, déshydratée, les bras douloureux et les mains insensibles. Le carton est resté dans un coin jusqu’à ce que je trouve le courage de m’y attaquer. Quelques jours plus tard, j’ai tout déballé et tenté d’assembler les pièces en suivant le mode d’emploi. Non seulement la bête s’avérait plus massive que prévu, mais il manquait toutes les vis! J’ai alors piqué une colère, tout remballé, en maudissant mon comportement de gamine complexée, et ramené le paquet à la poste…en m’aidant cette fois d’un diable et d’un sac IKEA. A défaut de m’avoir musclé le bas du corps, la machine m’aura au moins un peu musclé les bras le jour de son retrait!