Balade durant la pause de midi sur les rives du lac Léman à Vidy. Depuis le retour des beaux jours, c’est la ruée: tout le monde vient y faire son petit exercice, et par la même occasion, s’y montrer. Seul ou en groupe, on court (plus ou moins vite), on roule à vélo, on vogue en trottinette, on marche à la nordique, on glisse en patins à roulettes (pardon, en “in-line”, les bons vieux modèles à roues parallèles étant depuis longtemps démodés). C’est donc un véritable défilé de cuissettes, de collants fluo, de culottes de training, qui revêtent des postérieurs et des mollets plus ou moins noueux. On sue, on se bouscule presque, le visage crispé, les dents serrées. Les plus assidus râlent et gémissent sous l’effort… Une des seules personnes à déambuler au pas et en vêtements de ville, je me sens un peu incongrue au milieu de cette faune tout en spandex. Une fois, un adepte du jogging s’est carrément planté devant moi et m’a demandé tout de go: “Et votre tenue de sport, elle est où? ” Incroyable… Mais l’autre jour, j’ai croisé deux promeneurs encore plus insolites que moi: un maître et son chien. Le maître, un gigantesque armailli vêtu de grosse toile et de velours côtelé, la barbe longue et drue, chaîne au gilet et pipe à la bouche, avançant à grandes enjambées. Le chien, une sorte d’Appenzellois qui tricotait des pattes, l’oeil brillant, tenant dans sa gueule une balle de tennis. Cette image quasi surréaliste, et surtout le halo de simplicité et de bonne humeur qui se dégageait du couple, avait quelque chose de rassurant, de chaleureux. Elle m’a remis le moral au beau fixe pour tout l’après-midi. J’espère qu’ils ont fait une agréable partie de balle. Un type de sport moins voyant, mais tout aussi efficace et probablement plus joyeux!