Gags d’avant

En tri­ant les paperass­es qui encom­braient mon bureau, voilà que je retombe sur des archives oubliées: des essais de maque­ttes que j’avais réal­isés il y a presque 10 ans pour la cou­ver­ture de “Spec­trum”, le jour­nal des étudiant(e)s de l’U­ni de Fri­bourg! Les out­ils: ciseaux, colle et pho­to­copieuse (mon ordi­na­teur de l’époque ne savait même pas ce qu’é­tait une image), et surtout une fan­taisie débridée quant aux titres des arti­cles fac­tices annon­cés en cou­ver­ture. Exem­ples: “Des lutins à l’u­ni? Le concierge témoigne”. “Nous avons testé pour vous: le télé­phone gon­flable”. “Clair de lune à Brot-Dessous: notre nou­veau feuil­leton”. “Hérak­lès n’é­tait pas dopé”, affirme Zeus: notre enquête sur l’Olympe”. “Com­ment faire le por­trait d’une molécule: poèmes de chimistes”. “Sondage exclusif: les pro­fesseurs et leurs chaus­settes”. Bon, d’ac­cord, elles ne sont pas for­cé­ment excel­lentes, mais au moins, je m’é­tais bien amusée! Et j’ai bien ri en me relisant. Avec un petit brin de nos­tal­gie quand même.

Elle est belle, mon uni

C’est bien réel: désor­mais, les uni­ver­sités se pren­nent pour des entre­pris­es com­mer­ciales et recru­tent leurs futurs étu­di­ants, par­don, clients, à grand ren­fort de pub­lic­ité et de mar­ket­ing. Même l’ar­gu­ment “peo­ple”, omniprésent dans les médias, est devenu déter­mi­nant: ain­si, l’u­ni de Fri­bourg vante le fait que Miss et Mis­ter Suisse provi­en­nent tous deux de ses bancs. Des bancs cen­sés être un lieu de sci­ence et de recherche, pas une vit­rine pour les vedettes. Les pro­fesseurs qui ont eu l’au­dace de le rap­pel­er passent tout bon­nement pour de vieux rétro­grades. Il faut “vivre avec son temps”, paraît-il. Autrement dit, con­sacr­er la supéri­or­ité du nom­bril sur le cerveau, et ce même à l’u­ni­ver­sité! Pen­dant qu’on y est, on pour­rait abolir les exa­m­ens et décern­er les diplômes sur un con­cours de beauté. Mais trêve d’ironie facile. Plus con­crète­ment, je m’in­ter­roge sur l’ef­fi­cac­ité réelle d’un tel argu­ment pub­lic­i­taire. En “jouant la carte de la beauté (sic)” quels “clients” sup­plé­men­taires attir­era-t-on à l’al­ma mater? Des coeurs céli­bataires essen­tielle­ment désireux de fricot­ter avec un beau mec ou une belle plante à l’im­age des Miss/Mister en ques­tion? Si ma mémoire est bonne, de tels per­son­nages han­taient déjà les cours et les bib­lio­thèques il y a dix ans. Et il n’y avait pas besoin de mar­ket­ing pour cela.

Feu!

Dans la série “les choses qu’on devrait faire mais qu’on ne fait jamais”, il y a par exem­ple la lec­ture préven­tive du mode d’emploi de l’ex­tinc­teur. J’ai donc con­sacré quelques min­utes à exam­in­er l’in­stru­ment accroché au mur de mon bureau et à déchiffr­er les petits car­ac­tères imprimés sur sa panse rouge. Sur­prise. En réal­ité, ce n’é­tait pas un extinc­teur mais une arme: non seule­ment la poignée à gâchette imi­tait par­faite­ment la crosse d’un pis­to­let, mais l’e­spèce de tube conique chargé de cracher la sub­stance active s’appelait…le tromblon. Rai­son de plus pour espér­er ne pas devoir s’en servir. Face aux flammes, il sem­ble en effet plutôt con­tre-indiqué de crier: “En joue, feu!”

Vénus comestibles

La “Vénus de Mon­ruz” est un pen­den­tif préhis­torique ( 11’00 avant J.-C.) en jais qui stylise à l’ex­trême une sil­hou­ette fémi­nine. Le musée d’archéolo­gie de Neuchâ­tel (pronon­cer Laténi­um) a eu l’idée orig­i­nale de prêter sa forme, finale­ment très con­tem­po­raine, à des choco­lats. Pour ne pas frus­tr­er les gour­mands, ils seront un peu plus grands que l’o­rig­i­nal (haut de 16 mm à peine), et touche de luxe, une bijouterie locale en a fab­riqué 11 exem­plaires en or qui seront glis­sés dans les 1000 pre­mières boîtes! Ce n’est pas sans rap­pel­er une cer­taine his­toire de Char­lie, de choco­la­terie, et de bil­lets d’or cachés dans des plaques de choco­lat. Un bouquin paru dans les années 60, mais dont on a récem­ment tiré un film à suc­cès. Comme quoi l’archéolo­gie aus­si tente de se renou­vel­er en voguant sur l’air du temps.

Boing boing

Zut, j’ai encore oublié de tim­br­er ma carte mul­ti­cours­es! J’ai juste le temps de bondir sur le quai, de four­rer ladite carte dans la gueule de la machine ad hoc (qui par chance était toute proche), et de remon­ter dans un autre wag­on avant que le train ne démarre. L’opéra­tion aura eu le dou­ble mérite de me faire échap­per à un voisin doté de cheveux longs, d’une can­nette de bière, d’un char­i­ot à com­mis­sions et d’une propen­sion sus­pecte à la causette, et de me faire faire une ren­con­tre inat­ten­due. A peine étais-je instal­lée dans mon nou­veau siège qu’une énorme sauterelle d’un beau vert très clair (Tet­tigo­nia viridis­si­ma?) me saute sur le genou! Elle devait accom­pa­g­n­er clan­des­tine­ment le groupe de ran­don­neurs assis un peu plus loin, sous une guir­lande de sacs à dos mul­ti­col­ores. Je la grat­i­fie d’un mot ami­cal (sous l’oeil soupçon­neux du grand Noir avachi dans le siège d’en face). L’in­secte me regarde en remuant ses antennes, puis bon­dit sur le sol. Il reste immo­bile quelques min­utes près de mon pied gauche, tourne un peu en rond, et finale­ment dis­paraît sous un siège. Je ne l’ai plus revu. Espérons qu’il aura réin­té­gré un sac de mon­tagne, his­toire de pour­suiv­re le voyage!