La robe trouvée, restaient les souliers. En compagnie d’une amie compréhensive et serviable (merci Véro), j’ai donc écumé la ville de Lausanne à la recherche de la paire rare qui saurait compléter ma tenue avec classe et harmonie. Comme en temps normal, il m’est déjà assez difficile de trouver chaussure à mon pied, je craignais le pire. Et je n’avais pas tout-à-fait tort: alors que je me plais à mi-hauteur (la faute à un dos susceptible), les chaussures actuelles ont le talon vertigineux ou inexistant; alors que mon pied est plutôt large, les modèles rivalisent d’étroitesse; alors que j’affectionne les bouts ronds ou carrés, on ne trouve que des pointes acérées. Et lorsque la forme peut convenir, c’est la couleur qui ne va pas. Pire, d’un magasin à l’autre, toutes ces chaussures finissaient pas se ressembler. Un vrai cauchemar… Finalement, j’ai acquis de petites ballerines blanches, bien trop plates mais plutôt charmantes, et d’un prix fort raisonnable. Je ne regrette pas la paire repérée peu avant dans une boutique de mariage, qui m’avait presque séduite: cuir blanc irisé, ligne fuselée, bride transversale, talon agréable, allure un peu rétro,… et chères. A peine y avais-je miraculeusement glissé mon pied, me prenant un instant pour Cendrillon, que j’ai essuyé un tir nourri de la part de la vendeuse. Elle me reprochait non seulement de m’être servie moi-même, mais aussi de salir les chaussures en les essayant sans chaussette, et m’interdisait de les remettre en place seule de peur de les mélanger avec d’autres modèles. Je crois qu’elle n’a même pas remarqué que nous étions parties avant la fin de sa litanie. Car là, ça devenait franchement… casse-pieds!
Le projet M(3):Tenues de mariés
Après plusieurs journées de shopping infructueuses en Hélvétie, c’est sur Strasbourg que nous avons mis le cap pour dénicher nos tenues de mariage. Serge nous voyait déjà éjectés du train par un contrôleur inflexible pour avoir oublié de composter nos billets; heureusement, nous sommes tombés sur un jeune homme sympathique, qui m’a même souhaité bon anniversaire (puisque c’était le jour de mon anniversaire, mais ceci est une autre histoire). Nous sommes donc arrivés sans encombres dans la capitale alsacienne, et ce, bol suprême, le premier week-end des soldes. Du coup, les emplettes ont dépassé nos espérances: nous avons trouvé l’essentiel de notre équipement, ainsi que nos alliances!C’est dans une boutique de confection masculine un peu désuette que Serge a trouvé son costume. Le slogan du magasin disait: “Habille tous les hommes”, et c’était sûrement vrai, car selon le vendeur, le mannequin de plastique à la “bûbûche” (entendez “brioche”) impressionnante qui trônait en haut de l’escalier taillait encore petit. Les costumes s’alignaient le long des murs, sans décoration ni musique, et la moquette moutarde étouffait le bruit des pas. Il y avait même des queues de pie et des redingotes. On voyait presque la pelote d’épingles sur le poignet du vendeur, comme dans mes souvenirs d’ enfance. Celui-ci s’est avéré bavard mais de bon conseil, et a même ajusté gratuitement l’ourlet des pantalons. Finalement, Serge était aussi ravi par son costume que par l’atmosphère de l’endroit! Le lendemain, il trouvait une paire de chaussures, et une cravate plutôt luxueuse fabriquée par un grand couturier français. Il était pratiquement paré! Notons au passage que la mode de mariage masculine française préconise actuellement un gilet façon brocard et une lavallière assortie. Très bel ensemble, mais difficile à porter lors d’autres occasions.Pour ma part, j’hésitais entre une vraie robe de mariée blanche, qui fait rêver la princesse en moi mais carrément exploser le budget, et une robe de couleur moins cérémonielle. Au fil des boutiques, j’ai essayé des plissés à la grecque, des robes empire et des fourreaux presque hollywoodiens (le pire, c’est que que ça ne m’allait pas si mal), avant de trouver mon bonheur. Une robe pratiquement oubliée, toute seule sur un cintre, et qui m’allait comme un gant! A croire qu’elle m’attendait. Un vrai petit miracle. Du coup, c’est seulement pour trouver une aumônière que j’ai visité les boutiques de mariage. Pas besoin de prendre rendez-vous comme en Suisse, on peut y entrer, et même farfouiller librement. Là aussi, l’ambiance était particulière, avec les rangs serrés de robes blanches le long des murs, toute gonflées de dentelles et de froufrous, les futures mariées qui défilaient devant la glace, et tout le monde le sourire aux lèvres. J’ai finalement déniché mon aumônière, mais l’opération s’est révélée plus difficile que prévu: il y avait rupture de stock, saison des mariages oblige!Quant aux alliances, trouvaille inespérée, il a fallu les commander. Nous devrons donc retourner bientôt à Strasbourg. Ce sera l’occasion de prendre une tarte flambée et un verre de Riesling.
Le projet M: (2) bien faire un faire-part
Un faire-part de mariage, c’est une affaire bien plus complexe qu’elle n’en a l’air, surtout si l’on décide de le fabriquer “maison”. J’y tenais dur comme fer, étant donné que c’était l’occasion ou jamais de mettre enfin mes crayons et autres pinceaux à mon propre service (et à celui de mon futur mari, bien sûr). Première étape, faire quelques recherches pour glâner des idées. Au fil des papeteries et des sites internet, j’ai été plutôt déçue: malgré les commentaires ronflants de la publicité, les modèles proposés, pourtant à la centaine, sont assez pauvres. Beaucoup de fleurs (en général des roses), de flou, d’anglaises, de couleurs pastel (les pires? Les modèles montrant la photo de mariés anonymes, courant voile au vent sur une plage dans une brume artistique genre David Hamilton). Les plus intéressants étaient encore les faire-parts écossais, façon parchemin calligraphié, enroulé ou replié et cacheté (satisfaction garantie aux yeux les plus exigeants, prétendait le fabricant). Ou encore les invitations indiennes, pleines de couleurs vives et de dorures (quitte à faire kitsch, autant le faire bien). Malgré tout , j’ai pu y pêcher une idée: l’esperluette, comme symbole d’alliance. Un bon faire-part, me disais-je, doit être à la fois joli et personnalisé. Ont suivi de longues heures de gribouillages, d’esquisses, de jets de papier chiffonné dans la corbeille, d’aspirine et de désespoir: rien à faire, je ne trouvais pas d’idée originale. Une gargouille rappelant la cathédrale de Fribourg? Le portrait ou les empreintes de nos animaux fétiches respectifs? Nos propres portraits (de profil et en noir, façon découpage en papier)? Un renard messager (Goupil est un habitué de notre jardin)? Des arbres entrelacés? Une lettrine médiévale géante? Des cailloux en forme de coeur? Un motif celtique? Moralité: il est plus facile de créer pour les autres que pour soi-même! Comme souvent, c’est Serge qui, par quelques paroles simples, a mis de l’ordre dans l’embrouillaminis de mes pensées et de mes nerfs. Heurêka. La lettrine s’est combinée avec l’esperluette, et les espaces se sont remplis de divers objets faisant référence à certains de nos penchants, individuels ou communs, dans un joyeux bric-à-brac. Résultat: un faire-part un peu ludique, qui permet aussi aux invités de jouer aux devinettes… Personnalisé, sans aucun doute. Joli, nous l’espérons!
Souvenirs du caméléon botanique
Un petit tour et puis s’en va… Ainsi s’est achevée il y a quinze jours l’exposition que mon amie Rachel et moi-même avions montée à la Tour du Sauvage à Romont. Trois ans après mon expo individuelle, j’ai eu grand plaisir à retrouver ce local tout en molasse et en poutraisons. Même si il y est toujours aussi délicat d’y suspendre des tableaux, entre les câbles mal placés qui font flotter les tableaux trop loin des murs, les clous branlants, et surtout l’humidité qui y règne en maîtresse (un ou deux dessins en ont d’ailleurs un peu souffert, malgré les petits sachets de riz que j’avais collés derrière). Il est vrai que nous ouvrions la saison des fameuses expositions hebdomadaires, et qu’en cette fin du mois de juin, la météo s’est révélée pluvieuse et venteuse presque toute la semaine (une nuit, je me suis même réveillée en sursaut, persuadée de ne pas avoir fermé une des fenêtres de la Tour, et m’attendant à retrouver l’exposition dévastée le lendemain. Heureusement la fenêtre était bien close). Avec une oasis miraculeuse qui tombait pile le jour du vernissage. Un vernissage un peu atypique, organisé le dimanche, et qui s’est déroulé à merveille au rythme de la musique et des cocktails au citron vert (comme disait Muriel, une ancienne “collègue” d’expo, à chaque vernissage, on s’améliore!). Rachel et moi avions décidé de combiner nos talents de photographe et d’illustratrice sur le même support, en privilégiant les sujets naturalistes, et l’idée, apparemment, a fait mouche. Les échos ont été excellents; nous avons même eu droit aux compliments d’un peintre de la région. Mais surtout, et c’est le plus gratifiant, les visiteurs repartaient l’oeil pétillant et le sourire aux lèvres, comme si nos tableaux les avaient chargés d’émotions positives. A propos d’émotions, nous en avons parfois eu de fortes. La veille du vernissage, une bouteille de vin (rouge, bien entendu) s’est brisée au premier étage, traversant le plancher et manquant d’arroser un tableau pendu juste en dessous. Nous avons pu éponger in extremis. Restait une tenace odeur de vinasse qui a imprégné la tour pendant des jours (réflexion d’un ami: “Vous êtes en train de vous piquer le tube”?)… Les planchers des vielles tours, ce n’est donc pas étanche, mais heureusement, la chance était avec nous. Les araignées aussi, d’ailleurs. Car ces murs pleins de trous étaient le royaume de tégénaires particulièrement grosses et poilues, qui sortaient parfois inopinément de leurs cachettes, à la queue-leu-leu, comme pour regarder ce qui se passait. Pour le coup, entre arachnophobes, nous avons bien failli lâcher un ou deux tableaux! Nous avons aussi dû lutter avec les ampoules, qui s’ingéniaient à claquer les unes après les autres. Et bien sûr, impossible de s’en procurer au village, dont toutes les boutiques un peu spécialisées semblaient sur le point de fermer définitivement. Ainsi, la nappe en papier du vernissage est l’un des derniers vestiges du magasin “A la ville de Romont”… Une semaine, malgré les longues heures de gardiennage, ça passe vite. Nous avons dû décrocher alors qu’il nous semblait avoir à peine fini d’accrocher, et avons ressenti soudain comme un grand vide. Après tout, nous avions travaillé presque une année et demi pour cette exposition! Une chose est sûre: nous ne pourrons pas rentabiliser notre travail comme prévu en exposant nos tableaux ailleurs. Car le succès était au rendez-vous, et presque tous les tableaux ont trouvé preneur! Bien sûr, nous avons un peu mal au coeur à l’idée de nous en séparer, puisque nous avions développé une certaine affection pour nos oeuvres (lors de mon expo individuelle, je n’avais quasiment rien pu vendre à cause de cela), mais le but du jeu était bien de les partager. Un peu dépassées par ce succès, mais enchantées, bien sûr, nous avons décidé de continuer sur la lancée, et d’en refaire quelques-uns, à notre rythme, dès cet automne. Rachel a déjà trouvé dans ses archives quelques photos intéressantes…PS: Pour ceux qui n’auraient pas compris le titre: “Le caméléon botanique” était le nom du tableau qui nous a servi d’affiche ;-).
Infimes étrangetés
Il y a des jours où se cumulent les petites bizarreries. Tout a commencé par mon voisin, affublé d’énormes lunettes noires, qui m’a frôlée comme un fantôme dans l’escalier sans lumière. Ensuite, j’ai trouvé une fouine morte, intacte, couchée derrière une voiture. Au bas du Court Chemin, un sac à poubelle mal fermé montrait de drôles de bouts de mousse en forme d’intestins. L’autre jour, au même endroit, c’était un petit buste d’homme en plâtre qui dépassait des gravats jetés dans une benne. Un rien plus loin, une plate-bande se hérissait d’une plantation de… fourchettes! Lorsque j’ai vu un bébé arborer une barboteuse à imprimé militaire, puis un petit garçon insister auprès de son papa pour aller voir le rayon des soutien-gorges, j’ai commencer à me poser de sérieuses questions. Etais-je réveillée, ou encore en train de dormir, tricotant en rêves de ces absurdités dont mon cerveau a le secret? Heureusement, j’ai rencontré par hasard une amie, et nous sommes allées prendre ensemble un café sur une terrasse. Sa bonne humeur a remis les choses en place. Le reste de la journée s’est déroulé normalement. Mis à part que mon cactus miniature, pourtant protégé en permanence sous une cloche hermétique, s’était fait grignoter par une cochenille. Allez comprendre…