Le projet M(4): L’épopée des chaussures

La robe trou­vée, restaient les souliers. En com­pag­nie d’une amie com­préhen­sive et servi­able (mer­ci Véro), j’ai donc écumé la ville de Lau­sanne à la recherche de la paire rare qui saurait com­pléter ma tenue avec classe et har­monie. Comme en temps nor­mal, il m’est déjà assez dif­fi­cile de trou­ver chaus­sure à mon pied, je craig­nais le pire. Et je n’avais pas tout-à-fait tort: alors que je me plais à mi-hau­teur (la faute à un dos sus­cep­ti­ble), les chaus­sures actuelles ont le talon ver­tig­ineux ou inex­is­tant; alors que mon pied est plutôt large, les mod­èles rivalisent d’étroitesse; alors que j’af­fec­tionne les bouts ronds ou car­rés, on ne trou­ve que des pointes acérées. Et lorsque la forme peut con­venir, c’est la couleur qui ne va pas. Pire, d’un mag­a­sin à l’autre, toutes ces chaus­sures finis­saient pas se ressem­bler. Un vrai cauchemar… Finale­ment, j’ai acquis de petites bal­ler­ines blanch­es, bien trop plates mais plutôt char­mantes, et d’un prix fort raisonnable. Je ne regrette pas la paire repérée peu avant dans une bou­tique de mariage, qui m’avait presque séduite: cuir blanc irisé, ligne fuselée, bride trans­ver­sale, talon agréable, allure un peu rétro,… et chères. A peine y avais-je mirac­uleuse­ment glis­sé mon pied, me prenant un instant pour Cen­drillon, que j’ai essuyé un tir nour­ri de la part de la vendeuse. Elle me reprochait non seule­ment de m’être servie moi-même, mais aus­si de salir les chaus­sures en les essayant sans chaus­sette, et m’in­ter­di­s­ait de les remet­tre en place seule de peur de les mélanger avec d’autres mod­èles. Je crois qu’elle n’a même pas remar­qué que nous étions par­ties avant la fin de sa litanie. Car là, ça deve­nait franche­ment… casse-pieds!

Le projet M(3):Tenues de mariés

Après plusieurs journées de shop­ping infructueuses en Hélvétie, c’est sur Stras­bourg que nous avons mis le cap pour dénich­er nos tenues de mariage. Serge nous voy­ait déjà éjec­tés du train par un con­trôleur inflex­i­ble pour avoir oublié de com­poster nos bil­lets; heureuse­ment, nous sommes tombés sur un jeune homme sym­pa­thique, qui m’a même souhaité bon anniver­saire (puisque c’é­tait le jour de mon anniver­saire, mais ceci est une autre his­toire). Nous sommes donc arrivés sans encom­bres dans la cap­i­tale alsa­ci­enne, et ce, bol suprême, le pre­mier week-end des sol­des. Du coup, les emplettes ont dépassé nos espérances: nous avons trou­vé l’essen­tiel de notre équipement, ain­si que nos alliances!C’est dans une bou­tique de con­fec­tion mas­cu­line un peu désuette que Serge a trou­vé son cos­tume. Le slo­gan du mag­a­sin dis­ait: “Habille tous les hommes”, et c’é­tait sûre­ment vrai, car selon le vendeur, le man­nequin de plas­tique à la “bûbûche” (enten­dez “brioche”) impres­sion­nante qui trô­nait en haut de l’escalier tail­lait encore petit. Les cos­tumes s’alig­naient le long des murs, sans déco­ra­tion ni musique, et la moquette moutarde étouf­fait le bruit des pas. Il y avait même des queues de pie et des redin­gotes. On voy­ait presque la pelote d’épin­gles sur le poignet du vendeur, comme dans mes sou­venirs d’ enfance. Celui-ci s’est avéré bavard mais de bon con­seil, et a même ajusté gra­tu­ite­ment l’ourlet des pan­talons. Finale­ment, Serge était aus­si ravi par son cos­tume que par l’at­mo­sphère de l’en­droit! Le lende­main, il trou­vait une paire de chaus­sures, et une cra­vate plutôt lux­ueuse fab­riquée par un grand cou­turi­er français. Il était pra­tique­ment paré! Notons au pas­sage que la mode de mariage mas­cu­line française pré­conise actuelle­ment un gilet façon bro­card et une laval­lière assor­tie. Très bel ensem­ble, mais dif­fi­cile à porter lors d’autres occasions.Pour ma part, j’hési­tais entre une vraie robe de mar­iée blanche, qui fait rêver la princesse en moi mais car­ré­ment explos­er le bud­get, et une robe de couleur moins céré­monielle. Au fil des bou­tiques, j’ai essayé des plis­sés à la grecque, des robes empire et des four­reaux presque hol­ly­woo­d­i­ens (le pire, c’est que que ça ne m’al­lait pas si mal), avant de trou­ver mon bon­heur. Une robe pra­tique­ment oubliée, toute seule sur un cin­tre, et qui m’al­lait comme un gant! A croire qu’elle m’at­tendait. Un vrai petit mir­a­cle. Du coup, c’est seule­ment pour trou­ver une aumônière que j’ai vis­ité les bou­tiques de mariage. Pas besoin de pren­dre ren­dez-vous comme en Suisse, on peut y entr­er, et même far­fouiller libre­ment. Là aus­si, l’am­biance était par­ti­c­ulière, avec les rangs ser­rés de robes blanch­es le long des murs, toute gon­flées de den­telles et de froufrous, les futures mar­iées qui défi­laient devant la glace, et tout le monde le sourire aux lèvres. J’ai finale­ment déniché mon aumônière, mais l’opéra­tion s’est révélée plus dif­fi­cile que prévu: il y avait rup­ture de stock, sai­son des mariages oblige!Quant aux alliances, trou­vaille inespérée, il a fal­lu les com­man­der. Nous devrons donc retourn­er bien­tôt à Stras­bourg. Ce sera l’oc­ca­sion de pren­dre une tarte flam­bée et un verre de Riesling.

Le projet M: (2) bien faire un faire-part

Un faire-part de mariage, c’est une affaire bien plus com­plexe qu’elle n’en a l’air, surtout si l’on décide de le fab­ri­quer “mai­son”. J’y tenais dur comme fer, étant don­né que c’é­tait l’oc­ca­sion ou jamais de met­tre enfin mes crayons et autres pinceaux à mon pro­pre ser­vice (et à celui de mon futur mari, bien sûr). Pre­mière étape, faire quelques recherch­es pour glân­er des idées. Au fil des papeter­ies et des sites inter­net, j’ai été plutôt déçue: mal­gré les com­men­taires ron­flants de la pub­lic­ité, les mod­èles pro­posés, pour­tant à la cen­taine, sont assez pau­vres. Beau­coup de fleurs (en général des ros­es), de flou, d’anglais­es, de couleurs pas­tel (les pires? Les mod­èles mon­trant la pho­to de mar­iés anonymes, courant voile au vent sur une plage dans une brume artis­tique genre David Hamil­ton). Les plus intéres­sants étaient encore les faire-parts écos­sais, façon par­chemin cal­ligraphié, enroulé ou replié et cacheté (sat­is­fac­tion garantie aux yeux les plus exigeants, pré­tendait le fab­ri­cant). Ou encore les invi­ta­tions indi­ennes, pleines de couleurs vives et de dorures (quitte à faire kitsch, autant le faire bien). Mal­gré tout , j’ai pu y pêch­er une idée: l’es­per­luette, comme sym­bole d’al­liance. Un bon faire-part, me dis­ais-je, doit être à la fois joli et per­son­nal­isé. Ont suivi de longues heures de gri­bouil­lages, d’esquiss­es, de jets de papi­er chif­fon­né dans la cor­beille, d’aspirine et de dés­espoir: rien à faire, je ne trou­vais pas d’idée orig­i­nale. Une gar­gouille rap­pelant la cathé­drale de Fri­bourg? Le por­trait ou les empreintes de nos ani­maux fétich­es respec­tifs? Nos pro­pres por­traits (de pro­fil et en noir, façon découpage en papi­er)? Un renard mes­sager (Goupil est un habitué de notre jardin)? Des arbres entrelacés? Une let­trine médié­vale géante? Des cail­loux en forme de coeur? Un motif cel­tique? Moral­ité: il est plus facile de créer pour les autres que pour soi-même! Comme sou­vent, c’est Serge qui, par quelques paroles sim­ples, a mis de l’or­dre dans l’embrouillaminis de mes pen­sées et de mes nerfs. Heurê­ka. La let­trine s’est com­binée avec l’es­per­luette, et les espaces se sont rem­plis de divers objets faisant référence à cer­tains de nos pen­chants, indi­vidu­els ou com­muns, dans un joyeux bric-à-brac. Résul­tat: un faire-part un peu ludique, qui per­met aus­si aux invités de jouer aux devinettes… Per­son­nal­isé, sans aucun doute. Joli, nous l’espérons!

Souvenirs du caméléon botanique

Un petit tour et puis s’en va… Ain­si s’est achevée il y a quinze jours l’ex­po­si­tion que mon amie Rachel et moi-même avions mon­tée à la Tour du Sauvage à Romont. Trois ans après mon expo indi­vidu­elle, j’ai eu grand plaisir à retrou­ver ce local tout en molasse et en poutraisons. Même si il y est tou­jours aus­si déli­cat d’y sus­pendre des tableaux, entre les câbles mal placés qui font flot­ter les tableaux trop loin des murs, les clous bran­lants, et surtout l’hu­mid­ité qui y règne en maîtresse (un ou deux dessins en ont d’ailleurs un peu souf­fert, mal­gré les petits sachets de riz que j’avais col­lés der­rière). Il est vrai que nous ouvri­ons la sai­son des fameuses expo­si­tions heb­do­madaires, et qu’en cette fin du mois de juin, la météo s’est révélée plu­vieuse et ven­teuse presque toute la semaine (une nuit, je me suis même réveil­lée en sur­saut, per­suadée de ne pas avoir fer­mé une des fenêtres de la Tour, et m’at­ten­dant à retrou­ver l’ex­po­si­tion dévastée le lende­main. Heureuse­ment la fenêtre était bien close). Avec une oasis mirac­uleuse qui tombait pile le jour du vernissage. Un vernissage un peu atyp­ique, organ­isé le dimanche, et qui s’est déroulé à mer­veille au rythme de la musique et des cock­tails au cit­ron vert (comme dis­ait Muriel, une anci­enne “col­lègue” d’ex­po, à chaque vernissage, on s’améliore!). Rachel et moi avions décidé de com­bin­er nos tal­ents de pho­tographe et d’il­lus­tra­trice sur le même sup­port, en priv­ilé­giant les sujets nat­u­ral­istes, et l’idée, apparem­ment, a fait mouche. Les échos ont été excel­lents; nous avons même eu droit aux com­pli­ments d’un pein­tre de la région. Mais surtout, et c’est le plus grat­i­fi­ant, les vis­i­teurs repar­taient l’oeil pétil­lant et le sourire aux lèvres, comme si nos tableaux les avaient chargés d’é­mo­tions pos­i­tives. A pro­pos d’é­mo­tions, nous en avons par­fois eu de fortes. La veille du vernissage, une bouteille de vin (rouge, bien enten­du) s’est brisée au pre­mier étage, tra­ver­sant le planch­er et man­quant d’ar­roser un tableau pen­du juste en dessous. Nous avons pu éponger in extrem­is. Restait une tenace odeur de vinasse qui a imprégné la tour pen­dant des jours (réflex­ion d’un ami: “Vous êtes en train de vous piquer le tube”?)… Les planch­ers des vielles tours, ce n’est donc pas étanche, mais heureuse­ment, la chance était avec nous. Les araignées aus­si, d’ailleurs. Car ces murs pleins de trous étaient le roy­aume de tégé­naires par­ti­c­ulière­ment gross­es et poilues, qui sor­taient par­fois inopiné­ment de leurs cachettes, à la queue-leu-leu, comme pour regarder ce qui se pas­sait. Pour le coup, entre arachno­phobes, nous avons bien fail­li lâch­er un ou deux tableaux! Nous avons aus­si dû lut­ter avec les ampoules, qui s’ingé­ni­aient à cla­quer les unes après les autres. Et bien sûr, impos­si­ble de s’en pro­cur­er au vil­lage, dont toutes les bou­tiques un peu spé­cial­isées sem­blaient sur le point de fer­mer défini­tive­ment. Ain­si, la nappe en papi­er du vernissage est l’un des derniers ves­tiges du mag­a­sin “A la ville de Romont”… Une semaine, mal­gré les longues heures de gar­di­en­nage, ça passe vite. Nous avons dû décrocher alors qu’il nous sem­blait avoir à peine fini d’ac­crocher, et avons ressen­ti soudain comme un grand vide. Après tout, nous avions tra­vail­lé presque une année et demi pour cette expo­si­tion! Une chose est sûre: nous ne pour­rons pas rentabilis­er notre tra­vail comme prévu en exposant nos tableaux ailleurs. Car le suc­cès était au ren­dez-vous, et presque tous les tableaux ont trou­vé pre­neur! Bien sûr, nous avons un peu mal au coeur à l’idée de nous en sépar­er, puisque nous avions dévelop­pé une cer­taine affec­tion pour nos oeu­vres (lors de mon expo indi­vidu­elle, je n’avais qua­si­ment rien pu ven­dre à cause de cela), mais le but du jeu était bien de les partager. Un peu dépassées par ce suc­cès, mais enchan­tées, bien sûr, nous avons décidé de con­tin­uer sur la lancée, et d’en refaire quelques-uns, à notre rythme, dès cet automne. Rachel a déjà trou­vé dans ses archives quelques pho­tos intéressantes…PS: Pour ceux qui n’au­raient pas com­pris le titre: “Le caméléon botanique” était le nom du tableau qui nous a servi d’affiche ;-).

Infimes étrangetés

Il y a des jours où se cumu­lent les petites bizarreries. Tout a com­mencé par mon voisin, affublé d’énormes lunettes noires, qui m’a frôlée comme un fan­tôme dans l’escalier sans lumière. Ensuite, j’ai trou­vé une fouine morte, intacte, couchée der­rière une voiture. Au bas du Court Chemin, un sac à poubelle mal fer­mé mon­trait de drôles de bouts de mousse en forme d’in­testins. L’autre jour, au même endroit, c’é­tait un petit buste d’homme en plâtre qui dépas­sait des gra­vats jetés dans une benne. Un rien plus loin, une plate-bande se héris­sait d’une plan­ta­tion de… fourchettes! Lorsque j’ai vu un bébé arbor­er une bar­bo­teuse à imprimé mil­i­taire, puis un petit garçon insis­ter auprès de son papa pour aller voir le ray­on des sou­tien-gorges, j’ai com­mencer à me pos­er de sérieuses ques­tions. Etais-je réveil­lée, ou encore en train de dormir, tri­cotant en rêves de ces absur­dités dont mon cerveau a le secret? Heureuse­ment, j’ai ren­con­tré par hasard une amie, et nous sommes allées pren­dre ensem­ble un café sur une ter­rasse. Sa bonne humeur a remis les choses en place. Le reste de la journée s’est déroulé nor­male­ment. Mis à part que mon cac­tus minia­ture, pour­tant pro­tégé en per­ma­nence sous une cloche her­mé­tique, s’é­tait fait grig­not­er par une coche­nille. Allez comprendre…